Revue de presse de la mi-mai

L’actualité littéraire ne déchante pas qui m’invite à vous proposer en ce mi-mai notre traditionnelle revue de presse de la fin du mois. Ces livres, passés en mes mains,  dont je vous..livre déjà les notes d’éditeur espérant  pouvoir vous rendre compte, par la suite,  d’une lecture plus personnelle.

Trois parutions conjointes – ce 5 mai-  aux Editions Don Quichotte:

1. resistances_01.jpgPour Aung San Suu Kyi et Stéphane Hessel, la démocratie, patrimoine universel, ne s’arrête pas aux frontières du monde occidental.

La Birmanie, dictature militaire depuis le coup d’État de 1962, est-elle mûre pour la démocratie ?
Pour certains analystes convaincus que les notions de démocratie et de droits de l’homme ne s’appliquent pas facilement à l’Asie, l’évolution de la Birmanie vers la démocratie n’a rien d’évident. Ce n’est pas l’avis d’Aung San Suu Kyi ni celui de Stéphane Hessel, pour qui les principes contenus dans la Déclaration des droits de l’homme ont valeur universelle. Loin d’un apprentissage de la démocratie, c’est d’un soutien résolu du monde extérieur dont ont besoin celles et ceux qui n’ont attendu personne pour appeler à une autre Birmanie.
Aux yeux de Stéphane Hessel, la Dame de Rangoon joue « un rôle extrêmement important (…) à un moment où, dans le monde entier, la question des résistances au despotisme prend une place privilégiée. »
Le respect quasi unanime manifesté à l’endroit d’Aung San Suu Kyi n’a pourtant pas empêché différents observateurs de lui prêter leurs propres vues. Journalistes, universitaires et autres consultants, convaincus qu’une levée des sanctions visant le régime militaire ne pouvait que favoriser son ouverture, ont ainsi affirmé à tort qu’Aung San Suu Kyi – favorable au maintien des mesures existantes – partageait leurs conceptions.

Résistances. Pour une Birmanie libre. Info Birmanie et Aung San Suu Kyi et Stéphane Hessel, essai, éd. Don Quichotte, mai 2011, 190 pp, 11,9€

2.les_110_propositions_1981_2011_01.jpg

À la veille du 30e anniversaire du 10 mai 1981, date fétiche de la victoire de la gauche, et de la présidentielle de 2012, les « 110 propositions » fonctionnent comme un révélateur.

Avec le Programme du Conseil national de la Résistance, rédigé en 1944, ou le Programme commun de la gauche, élaboré au début des années 1970, les « 110 propositions » préparées par le PS pour la présidentielle de 1981 constituent une étape majeure dans l’histoire de la gauche et dans les projets de transformation sociale qu’elle a proposés au pays.
Ces propositions, qui tendaient à engager un vaste plan de relance ou à nationaliser une partie des grands moyens de production, de la banque jusque dans l’industrie, les voilà, avec trente ans de recul, qui font office de miroir.
Il suffit de les prendre une à une pour s’en convaincre. Quelles que soient les maladresses, les hypocrisies ou les habiletés qui ont présidé à leur élaboration, elles portaient une part du rêve. Comme Les Jours heureux – titre sous lequel a été publié le Programme du CNR – a fait rêver la France résistante.
Dans ces « 110 propositions », il faut donc, aujourd’hui, se replonger.
À leur lecture, en effet, on mesure à quel point, en trois petites décennies, le monde a radicalement changé. Adieu les politiques de relance, la défense des services publics, le relèvement des minima sociaux, du salaire minimum… Article par article, on voit à quel point l’État a reculé face aux marchés. À quel point aussi les politiques publiques ont été appauvries et le modèle social démantelé. Pour quiconque fait le va-et-vient entre hier et aujourd’hui, elles permettent de mesurer l’ascendant que le capital a pris sur le travail, les formidables flexibilités et précarité que le monde du travail a subies.
Du même coup, l’effet de miroir est encore plus important. Alors que la gauche avance vers la présidentielle de 2012 dans une situation inquiétante de division, alors que les socialistes sont minés par des sensibilités innombrables et tout autant d’ambitions individuelles, la plate-forme socialiste a cette autre utilité. Même si certaines ont vieilli quand elles ne sont pas devenues obsolètes, les « 110 propositions » permettent aussi d’apprécier ce que sont devenus les socialistes. Les rêves que quelques-uns continuent de porter, défendant encore certaines de ces « 110 propositions », même amendées. Ou les renoncements auxquels d’autres ont au contraire cédé. Car si les socialistes espéraient jadis « changer la vie », c’est la vie qui, trop souvent, les a changés.

Les 110 propositions 1981-2011, Manuel critique à l’usage des citoyens qui rêvent encore de changer la vie, Document, Don Quichotte Éditions, mai 2011,  9,90 €, 168 pp.

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Un dictionnaire rock, historique et politique du football.
Le Donqui Foot passe en revue tout ce qui relie l’histoire du ballon rond à l’Histoire des hommes, depuis le jour où les premières règles en furent posées. Grâce à de multiples entrées, il illustre les trois siècles que le football a traversés : le XIXe, celui du « people’s game » aristocratique, devenu sport ouvrier et populaire ; le XXe des footballs nationalistes qui évoluent en sports de masse mondialisés ; enfin, le XXIe du « foot business », cette discipline dont les outils, les équipements et la représentation sociale n’ont plus rien à voir avec les origines.
De « Ajax » à « Zoff » en passant par « Maradona », « Best », « Cruyff », « OM », mais aussi par des prismes inattendus comme « Chaussure », « Cocaïne », « Église », « Entreprise », « Femmes », « FLN », « Ouvriers », « Palestine », « Syndicats » ou « Grève », ce dictionnaire aussi vulgarisé qu’érudit dessine l’histoire et la contre-histoire du football moderne : d’un perpétuel va-et-vient entre le pied et l’esprit, alliant enquêtes inédites et récits édifiants basés pour certains sur des entretiens rares (Michel Hidalgo ou Roger Lemerre), il rend compte des liens entre microcosme du terrain et macrocosme du monde. Et permet d’aborder les rapports que le ballon rond entretient avec les guerres, les luttes contre la colonisation et l’esclavage, les nationalismes, le racisme et l’antiracisme ; mais aussi avec le rock, les avancées technologiques, la science, les luttes salariales, ou encore avec la « pipolisation ».
Qui se souvient de la courte guerre qui opposa le Honduras au Salvador à la suite d’un match de foot ? Qui connaît l’histoire d’Adidas ? L’itinéraire des footballeurs ouvriers de Sedan ? Le drame de Ray Kennedy, l’un des meilleurs footballeurs anglais ? Qui se rappelle Djamel Zidane, Salah Assad et l’épopée algérienne qui finit en tragédie ? Qui sait la vraie histoire de la conception d’un maillot ?
Dans des articles précis et souvent originaux, le passionné revivra des instants connus, mais trouvera aussi cocasseries et informations inédites ; le profane, lui, découvrira un monde insoupçonné d’allégresses collectives, de tragédies et de légendes.

Le Donqui Foot, Dictionnaire rock, historique et politique du football, Document,Don Quichotte Editions,  mai 2011, 496 pp, 19.90 €

Aux Editions, Monéveil, nouveau recueil de poésies de Monique Thomassetie, illustré de croquis et reproductions d’oeuvres picturales de l’auteur:

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Un point de sonorité, Un passage palpite 

Monique Thomassetie publie un nouveau recueil de poésies.

                        Et le feuillage au printemps

A la fois reprend

de la plume et du poil

Un point de sonorité.Un passage palpite, Monique Thomassetie, recueil, Monéveil, mai 2011.

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Comme promis, également,  nous publions les propos d’un visiteur du blog envoyés par voie de mail:

Il concerne l’ouvrage, Les corps indécents, (Edilvre 2009)

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« Un livre qui ne laisse vraiment pas indifférent… »Les corps indécents »

(…)Cet ouvrage, très pudique malgré les apparences, vient d’être sélectionné coups de coeurs de la plus grande bibliothèque de Belgique à Bruxelles. Il est aussi coups de coeurs des lecteurs de la bibliothèque municipale de Chirens (France). Plusieurs articles de Presse très élogieux… des milliers et des milliers de consultations internet. Un record ! Merci de faire profiter vos lectrices de cet opus (si elles sont romantiques) et vos lecteurs (même s’ils le sont un peu moins). Bien à vous, GJ Raybaut

Coups de coeur des lecteurs et des bibliothécaires Corps indécents (Les) / Guy Jean Raybaut Edilivre, 2009. – 156 p. Livre passionnant qui retrace beaucoup de valeurs et en plus une belle histoire d’amour.

 J’ai eu la chance de rencontrer l’auteur durant mes dernières vacances à Menton ; ce livre reflète parfaitement sa personnalité. Brigitte

C’est vrai que la couverture de ce livre prête à confusion. Le titre aussi. Somme toute, la nudité peut être considérée comme un symbole de pureté. On ne franchit pas les portes d’un musée pour se rincer l’oeil. Honni soit donc qui mal y pense. L’écriture est sublime, jamais vulgaire, toute en finesse, toute en nuances. Un travail d’orfèvre d’une élégance rare. Que du bonheur ! Les considérations générales sur les travers de notre société apparaissent en filigrane. Elles sont pertinentes et judicieuses. Ce livre bouscule les us et coutumes comme, par ailleurs, la cécité de bien des décideurs responsables. La prise de position en faveur du rétablissement de la peine de mort pour les assassins-tortionnaires d’enfants va donner lieu à bien des controverses. L’islamisation galopante de la France, la prévisible disparition de notre belle culture française, la paupérisation massive de l’Europe ou même le stress au travail vont faire polémique. (C’est sûrement déjà le cas au vu des nombreux sites et commentaires qui signalent – ou font l’éloge – de cet ouvrage). Un récit sobre mais précis qui force la réflexion et l’admiration. Les dernières pages (descente vers la plage de la jeune héroïne, à peine vêtue d’une étoffe légère de ballerine, la nuit, sous les étoiles) semblent sorties tout droit d’un film de Luchino Visconti, tellement c’est beau. Ce livre, délicatement romantique, est le genre d’ouvrage qui ne quitte plus ma table de chevet. Lire et relire des pages et des passages d’une écriture aristocratique pour simplement rêver… et s’enivrer. Elise

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 Paru fin mars, aux Editions Don Quichotte:

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Un ouvrage qui entend dénoncer les dérives du présidentialisme.

Note de l’éditeur:  » Le présidentialisme est au régime présidentiel ce que l’intégrisme est aux religions, ce que l’absolutisme est aux monarchies, ce que le sectarisme est aux convictions. Ce n’est pas le fait qu’il y ait une Présidence de la République, c’est que la République soit aux mains du Président. Legs du bonapartisme français, ce césarisme qui laïcisa la monarchie de droit divin sur les décombres d’une révolution démocratique trahie et inachevée, notre présidentialisme est un régime d’exception devenu la norme. (….) La France est une démocratie de faible intensité. Elle en a l’onction, pas la conviction.

(…)A chaque revers des oppositions du moment, qu’elles fussent de droite sous la longue présidence de François Mitterrand (1981-1995) ou qu’elles soient de gauche depuis le triple échec socialiste aux présidentielles de 1995, 2002 et 2007, le même constat est dressé, sans appel : prérogatives étendues à l’excès d’un Président irresponsable et intouchable, absence de contre-pouvoirs réellement indépendants et vraiment consistants, pouvoir législatif à la merci de l’agenda du pouvoir exécutif, représentation parlementaire soumise aux disciplines des majorités présidentielles, pouvoir judiciaire ravalé au rang d’autorité contrainte dans ses velléités d’indépendance, système médiatique coincé entre l’oligarchie financière et la servitude étatique, etc.
(…)Pour refonder, enfin, une République démocratique et sociale. Sociale parce que démocratique.
Aurons-nous, enfin, le courage qu’ils n’ont pas ou plus ? Puisse ce livre y aider. »

Le président de trop, Edwy Plenel, essai, Ed. Don Quichotte, mars 2011, 516 pp, 19,9 €