Les jours heureux

« Tout a commencé le jour où j’ai appris que ma mère était condamnée. C’est paradoxal, entendons-nous, de commencer par la fin, mais c’est ainsi que les choses se sont passées. »

Ains’Incipit le troisième roman d’Adélaïde de Clermont-Tonnerre, un roman riche, dense, puissant, addictif, doté d’un souffle d’écriture qui ne vous lâche jusqu’à la dernière page.

Mais encore.

Oscar Vian, le narrateur, est fils unique de Laure et Edouard, elle, scénariste de talent, lui, réalisateur convoité, lesquels forment un couple « sartrien » aussi libre qu’aimanté d’un amour essentiel. Un couple « rufinois » à la  Edgar et Ludmilla*, tonique, fantasque, courageux, proprement  fascinant  (NDLR*Les sept mariages d’Edgar et Ludmilla, Jean-Christophe Ruffin, Ed. Gallimard.. 2019) 

« Édouard Vian et Laure Branković ont formé puis déformé pendant trente ans le couple le plus terrible et le plus célèbre du cinéma européen. Ils se sont mariés trois mois avant ma naissance »

 Seul dépositaire du secret de sa mère – l’annonce de sa fin prochaine –  Oscar entreprend un long chemin de deuil –   préventif –  mais aussi de transmission.

 » J’appelais de mes vœux un dénouement rocambolesque qui nous sauverait tous. Je voulais changer le cours des choses en effaçant d’une touche d’ordinateur la suite logique, implacable, de ce scénario. Je voulais réécrire notre histoire. »

C’est chose faite

Et le lecteur, captif d’un scenario à rebondissements multiples et saisissants – je ne vous les dévoile pas –  de vibrer d’empathie, de sympathie, au contact de protagonistes subtils et diantrement attachants

« Le temps n’a pas d’égards, et je sais que malgré leur succès, il ne restera bientôt rien d’eux, mes parents, rien, à part la légende que je dois continuer à écrire. »

Une lecture recommandée

Apolline Elter 

 Les jours heureux, Adélaïde de Clermont-Tonnerre, roman, Ed. Grasset, mai 2021, 448 pp

 Billet de ferveur

AE :  Le titre du roman résonne de l’appellation un peu nostalgique des « Jours heureux » ; vous auriez pu l’intituler « Ma mère avait raison »…

Adélaïde de Clermont-Tonnerre :C’est tout à fait juste. D’ailleurs, mon titre de travail avant « Les jours heureux » était assez proche de ce que vous suggérez : « Mon père, ma mère et moi ». Le personnage de Laure, la mère de mon héros est effectivement une femme forte, libre, intuitive, créatrice jusqu’au bout des ongles. Elle semble lire dans le cœur de son fils et des gens qui l’entourent comme dans un livre ouvert. Elle a donc… souvent raison ! Et ce, bien avant tout le monde. Mais c’est aussi une femme blessée, qui a eu une enfance très dure, et qui se retrouve, au début de cette histoire atteinte d’une grave maladie. Oscar, son fils est prêt à tout pour la sauver, à commencer par lui permettre de retrouver Edouard Vian, son père, qui reste, malgré les séparations, le grand amour de Laure.

AE :  La  thématique du roman est riche, elle parle à la fois de deuil, d’amour, de transmission, de trahison, de l’affaire Weinstein, de la théâtralisation impudique du corps … et d’un fossé  générationnel qui n’en est pas un finalement. Oscar est très en phase avec le couple de ses parents :

Adélaïde de Clermont-Tonnerre :C’est vrai que j’aborde beaucoup de thème parce que je voulais faire un livre qui ressemble à la vie. Dans la vie, la comédie et le drame se mêle intimement. Cela me semble artificiel de séparer les genres. Pour moi un roman doit tout se permettre et doit tout nous offrir. Pour revenir à Laure, Edouard et Oscar, il y a, dans ce trio infernal et attachant, beaucoup d’amour, mais aussi beaucoup de discussions, d’échanges. Ils parlent énormément, se disputent sans cesse, mais sont inséparables. D’une certaine manière, ils font tout ce qu’ils peuvent pour combler ce fossé générationnel. Pour se rapprocher les uns des autres. Et saisir ensemble chaque instant comme s’il était le dernier.

 

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