Je ne vais rien vous cacher: cette lecture – édifiante – m’a complètement extraite de ma zone de confort spirituel
Et même intellectuel.
La réflexion, existentielle, est de très haute volée
Le risque est grand d’y perdre ailes et plume (d’écriture) .
Tentons de résumer
Né à Auteuil, le 8 décembre 1997 – il a donc 26 ans – au sein d’une famille juive peu pratiquante, Nathan Naccache s’investit très jeune – et fougueux – dans l’étude de l’hébreu, du Talmud, de l’Ecclésiaste, des livres de la Torah et la vocation de rabbin.
Il est soutenu dans cette voie par un certain « Rav Kotmel », en réalité, un condensé de plusieurs autorités qui ont balisé son chemin
Une sorte de nuit de feu – à l’envers – balaie d’un coup ses certitudes, ses « acquits » et l’entraîne – nous entraîne – dans un processus de scepticisme radical
Du Descartes en mode XXIe siècle .
Je sais, je schématise.
Déconstruisant, on l’a compris, toutes ses convictions, Nathan Devers se fait violence d’incertitudes abyssales, tant sa démarche se veut ouverte
« Assassiner le Nathan que j’étais et que j’aurais dû devenir: voilà la condition pour m’insinuer sur les chemins de la philosophie »
Et la philosophie elle-même de se présenter sous le jour inhumain de « penser contre soi-même »
Un travail constant, non défini, infini, qui doit être remis tous les jours sur le métier
Soutenu d’une plume de très haut vol, d’un travail de dix années et de références livresques nombreuses , l’essai est tout simplement sidérant.
Apolline Elter
Penser contre soi-même; Nathan Devers, essai, Rd. Albin Michel, janvier 2024, 330 pp