L’été des quatre rois

« Sa Majesté n’aimait pas à penser mais se plaisait à prier »

C’est sans doute là que le bât blesse…

Après six ans de règne et le constat d’un regain de prospérité en France,    le roi Charles X (1757-1836),  jeune frère de Louis XVI et de Louis XVIII, se prend à souhaiter un retour à l’Ancien Régime

Il signe, pour ce faire, des ordonnances  drastiques  qui, évinçant notamment la bourgeoisie du pouvoir,  susciteront l’ire des Parisiens et la  Révolution de 1830,

 « Plus de Charles X ! Plus d’ordonnances ! Plus de Bourbons ! »

Persuadé que 1830 signe – plus  que 1789  – la véritable entrée de l’Histoire de France dans la période contemporaine,  Camille Pascal entend restituer au lecteur, le déroulé  précis des événements, du Lever du Roi en date du 25 juillet 1830 à son départ  d’exil pour l’Angleterre, le 16 août suivant. Il nous  offre, partant, un voyage au coeur des  fameuses « Trois Glorieuses », d’un été parisien particulièrement chaud. Une chaleur qui transperce les pages au diapason des fièvres  de l’insurrection.

Contraint à abdiquer, Charles X  force son fils,  duc d’Angoulême et dauphin, à abdiquer lui aussi en faveur du tout jeune duc de Bordeaux, petit-fils du premier, neveu du second.

Résultats des courses et d’un début d’août particulièrement ardu: le duc d’Angoulême ne règne que quelques minutes, improbable Louis XIX;  le duc de Bordeaux ne régnera en Henri V que dans les rêves des légitimistes.  Pressenti comme Lieutenant général, Louis-Philippe monte sur le trône,  au titre de Roi des Français (et non plus de France, comme Charles X) . Le frais monarque est doté d’un  « feeling » politique avéré et d’un respect de son cousin déchu :  il empêche que son convoi ne soit inquiété durant les treize jours qui le mènent à Cherbourg.

Ainsi va  le récit de l’implosion d’un trône.

Agrégé d’histoire, professionnel  de la plume – il fut celle de Nicolas Sarkozy durant son mandat présidentiel – le frais attributaire du Grand Prix du roman de l’Académie française, soutient le journal de la narration d’une prodigieuse recherche bibliographique. Un travail qui mérite sa consécration.

Apolline Elter

L’été des quatre rois, Camille Pascal, roman, Ed. Plon,  août 2018, 666 pp

Billet de faveur

AE :  Vous décrivez le cœur de la Cour, celui du pouvoir,  comme si vous en aviez été témoin direct.  Vous avez connu celui de l’Elysée.  Avez-vous dégagé des constantes, des points communs ?

Camille Pascal : Dès les premiers jours du changement de régime en 1958, Le Canard Enchaîné ouvrait une rubrique intitulé « La Cour » dans laquelle les principales personnalités de la toute nouvelle Vème République, à commencer par le général De Gaulle, se voyaient attribuer, la perruque et le titres des personnages des Mémoires du Duc de Saint-Simon…

Ce n’est évidemment pas un hasard et si tout pouvoir, quelle que soit sa forme, suscite un phénomène de Cour, la Vème République qui tient par ses institutions de la Monarchie de Juillet et du Second Empire n’échappe pas à cette règle.

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