L’enfant réparé

  » (…) je savais que l’écriture serait mon chemin de croix. Qu’elle me mènerait à l’enfant que j’avais été. » 

Les lecteurs qui ont dévoré tous les romans de Grégoire Delacourt  –  j’en suis – découvrent  – ils s’en doutaient un peu  –  qu’étaient semés , essaimés  les cailloux d’un chemin menant à la souffrance intime, profonde et  destructrice de l’écrivain.

Une souffrance – frappée d’amnésie traumatique et d’un dégoût existentiel – contractée à l’âge de cinq ans, quand le bambin est abusé par son père, en l’absence de sa mère, retenue à la maternité par la naissance de leur troisième enfant.

Et le récent sexagénaire de passer en revue ses vies privée, professionnelle et affective, à l’aune de cette détestation de soi qui n’avait pas encore de nom.

D’entrecouper les révélations de celles des séances de psy qui jalonnent le récit.

« Jusqu’à ce livre-ci, écrire était une fête. C’est l’urgence cette fois qui commande. Les silences dégueulent, je dois les contenir ; parfois retenir la colère. Tout remonte. Tout s’assemble. Mon histoire est banale, c’est ce qui la rend triste. »

 » J’ai commencé l’écriture de ce livre à peine posé le point final de Mon Père. Une décision prise dans une salle des urgences, à croire que ce livre en était une. J’y transfuse mes mots. »

« Mes livres me racontaient mais je ne les lisais pas »

D’u parler dense,, douloureux, juste,  truffé de sentences percutantes  et d’images bouleversantes, l’adulte qu’est devenu Grégoire Delacourt tente non seulement de réparer un drame asphyxié de silences mais aussi l’image de sa mère et l’hommage qu’il veut lui témoigner.

Un récit qu’on espère ..réparateur.

Apolline Elter

L’Enfant réparé, Grégoire Delacourt, récit, Ed. Grasset, octobre 2021, 240 pp

Billet de faveur

AE : ce récit douloureux, courageux, constructif, pose enfin des mots sur une souffrance indélébile.  Sa publication provoque-t-elle un soulagement chez vous et l’avènement possible de fictions nouvelles, et allégées ?  En d’autres termes, avez-vous l’impression d’avoir franchi un cap – indispensable – et tel le phénix pouvoir désormais renaître de vos cendres ?

Grégoire Delacourt : Ce livre est un achèvement de dix années d’écriture. Dix années où elle a été la langue que je ne parlais pas. Maintenant qu’il est devenu ma parole, oui, il y a quelque chose de soulagé en moi. Cet enfant revenu à la surface du monde à qui j’ai enfin pu dire qu’il n’était pas laid, pas coupable et qu’il avait été aimé. C’est L’Enfant réparé. Quant à la suite, d’autres livres, nous verrons bien. Pour l’instant, je réapprends à marcher

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