Certains coeurs lâchent trop fois pour rien

Certains coeurs lâchent trop fois pour rien

Mais pas celui de Gilles Paris.

Et pourtant …

Résolu à en découdre une fois pour toute avec la « bête » qui sévit en lui, se libérer d’une relation des plus toxique, violente, destructrice avec son père, de tentatives de suicide et de l’enfer de huit dépressions, Gilles Paris nous livre sans fard, sans tabou ni stricte chronologie, le récit de sa vie. 

« J’aime être un parmi tous. Un anonyme dans la foule. Un inconnu célèbre que personne ne reconnaît. Je me suis défendu contre la bête, pas question d’être dominé par elle. Entrez dans ma vie, comme on entre dans une danse. »

Atterri dans le monde de l’édition sans préméditation, l’écrivain- journaliste – il a huit livres à son actif dont le best-seller porté à l’écran  Autobiographie d’une courgette, (Ed. Plon, 2002) –  oeuvre longtemps pour les éditions Plon, avant de créer sa propre agence d’attaché de presse, bien connue sur la place de Paris.

S’il vit un amour fort avec Laurent, son roc, son mari et qu’il a, selon la piteuse expression consacrée et, l’instar d’Emmanuel Carrère, «tout pour être heureux » , Gilles Paris sombre à huit reprises, en trente ans,  et ne se relève chaque fois  qu’au prix de séjours en hôpitaux psychiatriques et de  traitements médicamenteux.

Il en vient à identifier les facteurs propices à la dépression : excès de fatigue, de sensibilité, de stupéfiants et autres tourbillons sociaux … mais aussi ceux qui permettront de se ressaisir, de se réappartenir, les protections à mettre en place pour pallier la dilution, la dépréciation de soi.

Le récit est factuel, qui endigue l’émotion, la sienne, celle du lecteur, il est aussi très bien écrit. Suscite l’irrépressible empathie.

Un témoignage courageux, fort, lucide, honnête poignant, sidérant, stupéfiant.

Dont on n’émerge pas vraiment indemne 

Un roman de dommages mais aussi et surtout d’hommage et d’amour. De Laurent. De La vie. Mais oui.

Apolline Elter

Certains coeurs lâchent trop fois pour rien, Gilles Paris, récit, Ed. Flammarion, janvier 2021, 224 pp

A noter que Gilles Paris sera présent, ce jeudi 25 février à 18h30, en la librairie Filigranes , à Bruxelles,  pour une séance-rencontre-dédicaces

Site: https://www.filigranes.be/

Billet de faveur 

AE : après cette lecture qu’on n’arrive pas à « lâcher » la lecture tant elle est bouleversante, on ne se sent pas de taille à paraphraser le texte. Une question, une seule : c’est cette « lettre au père » dure et kafkaïenne que vous livrez en début de récit qui semble la clef de votre salut et de la rédaction de ce magnifique chapitre conclusif baptisé « J’aime »

Gilles Paris : Oui, absolument. Je l’ai écrite en 2017, sur les conseils d’un ami qui me l’a répété maintes fois (le photographe à qui l’on doit la photographie de couverture). « Ecris une lettre à ton père, pas un SMS, ni une carte postale, mais une vraie lettre comme on en écrit presque plus. Même si tu ne la lui envoies pas. » Elle m’a permis de sortir de la huitième et dernière dépression, comme un voile qui s’est levé à l’issue de sa rédaction. Depuis elle a été réécrite de nombreuses fois, pour pouvoir figurer dans ce livre dont il n’était pas question à l’époque.

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