Les dix-sept valises

  » Alicia était morte, mais son empreinte m’habitait toujours. Alors, je me suis levée et j’ai pensé qu’il était temps de continuer à vivre. »

Mathilde Lambert – la narratrice, une jeune journaliste – rejoint Alicia Zitouni à Essaouira où la fraîche(ment) célèbre cheffe – elle fait le buzz sur le Net – lui a fixé rendez-vous.

Las Alicia s’est évaporée, sans doute s’est-elle noyée.

Les média s’emparent de sa vie, de son passé ; Mathilde se  décide à procéder, de son côté, à une enquête de fond, une investigation qui permettra de restaurer Alicia dans sa vérité, sa dignité solaire.

Un rayonnement qui est l’essence de ce roman,  librement inspiré, nous précise Isabelle Bary, de l’histoire d’Annie , de sa si jolie manière de voir la vie. 

Mathilde  va  écrire le roman. d’Alicia… Les dix-sept valises..

Un  travail d’écriture que nous suivons pas-à-pas,  en miroir abyssal du roman qu’Isabelle Bary est précisément en train de construire.

Il entre en résonance – singulière – avec  sa propre vie. La nôtre, aussi.

Et  cerne à l’intime la conception de l’écriture,  l’incorporation de la vie d’autrui

Son existence passée s’effilochait jour après jour. Mon imaginaire cannibalisait le passé et même l’avenir. Chaque nouvelle seconde amnésiait un peu plus le vrai rire d’Alicia, son allure d’alors, son véritable visage. L’amie d’avant s’évaporait peu à peu comme une histoire d’enfance dont on ne se rappelle que la trame. j’étais journaliste, j’écrivais des faits, des choses avérées et vérifiables et j’avais toujours pensé qu’il me serait difficile d’introduire de la fiction dans un récit, de combler des manques, de  tronquer des personnages et des situations. Au lieu de quoi, la  réalité m’échappait sans effort, et maintenant que l’apparence réelle d’Alicia se montrait floue au point que je puisse la concevoir selon mon envie, je mesurais davantage à quel point elle avait bousculé ma vie. Le vide qu’elle me laissait prenait toute la place à présent.

L’écriture est subtile, vive, maîtrisée,

Une vraie, bienfaisante  oeuvre d’introspection.

Je vous en recommande la lecture

Apolline Elter

Les dix-sept valises, Isabelle Bary, roman, Editions Luce Wilquin, septembre 2018, 190 pp

Prolongation de lecture

AE : Le titre du roman est métaphorique, son nombre premier, symbolique… Il vous a été suggéré par Annie, l’instigatrice de cette très belle écriture…

Isabelle Bary : Trouver le titre d’un roman n’est pas une mince affaire ! S’il ne tient qu’en quelques mots, ceux-ci se doivent de donner le ton. Lorsqu’Annie, dont j’ai, dans ce roman, très librement interprété l’histoire, m’a parlé de ces fameuses  dix-sept valises, j’ai su que je tenais là le titre du roman. Il s’agit des dix-sept  valises que sa famille a trimballées lors d’un retour  au pays (le Maroc), un voyage qui signe un tournant majeur dans l’histoire du personnage principal. Le nombre est extravagant pour des bagages, comme l’est la vie de l’héroïne, élevée dans un monde violent. Puis, on ne transporte pas dix-sept valises facilement, c’est lourd et encombrant. Pourtant Alicia s’en accommodera, y verra mille merveilles, parce qu’une valise, c’est aussi une incitation à l’évasion. Alors, quand on s’en coltine dix-sept ! Elle finira pourtant par les déposer pour s’alléger et se permettre d’avancer. Bref, ce titre c’est un peu l’image  emblématique de la manière dont l’héroïne voit le monde : Ce qui importe, ce n’est pas ce que la vie nous donne, mais ce qu’on en fait.

Le hasard fait que le chiffre 17 est celui de la « bonne étoile »…

À moins qu’il ne s’agisse pas d’un hasard !

2 commentaires sur “Les dix-sept valises

  • Reply Lenoir 12 novembre 2018 at 9 h 24 min

    Bonjour Apolline,
    Notre rencontre s’est déroulée lors de votre passage à la bibliothèque de Marche-en-Famenne. (J’ai coché plusieurs bouquins que je désire lire)
    J’ai terminé le livre « Les dix-sept valises » et je l’ai vraiment apprécié. J’ai trouvé ce roman lumineux malgré les choses dures relatées à certains moments. J’ai aimé le regard d’Alicia sur ce qu’elle vit et sa manière d’y voir quelque chose de beau. Selon que l’auteur parle de Mathilde ou d’Alicia, on
    perçoit la différence d’écriture et j’avoue que j’avais hâte de rejoindre l’univers d’Alicia.
    Un vrai coup de cœur pour ce livre et merci, Appolline pour cette jolie découverte.
    A bientôt,
    Paulette

    • Reply Apolline Elter 12 novembre 2018 at 9 h 41 min

      Chère Paulette, Un TOUT grand merci pour ce bien charmant retour. Il me ravit et enchantera à coup sûr Isabelle Bary à qui je vais illico faire part de votre lecture! Voilà qui donne du soleil à ce lundi qui en est un peu dépourvu… Je vous souhaite une merveilleuse fin d’année. Bien cordialement, Apolline

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