Pacifique

« Nous, soldats de l’empire, sommes le dernier rempart contre la destruction de notre peuple. C’est à nous, la jeunesse, de sauver l’avenir du Japon. Et si notre sacrifice permet d’épargner la vie des civils, alors oui, j’irai au-devant de la mort, avec sérénité. »

C’est à Amélie Nothomb et à la poignante lettre ouverte adressée à son père,  Patrick Nothomb, décédé le 17 mars dernier (voir notre billet de ce mardi 2 juin), que nous devons la découverte de ce « chef-d’oeuvre » : 

« Tu venais de lire son nouveau roman, Pacifique, le dernier livre qui t’ait enthousiasmé. Tu te montrais dithyrambique parce que tu l’étais. Tu lui disais que son roman était un chef d’œuvre – c’est le mot que tu as employé. Grand connaisseur du Japon, tu lui disais qu’elle avait admirablement compris ce pays.  Tu terminais en lui assurant que tu parlerais de son livre autour de toi. Hélas tu n’as pas eu le temps. Alors, je transmets. »

Et nous poursuivons transmission,  honorée de cette chaîne d’enthousiasme sacré 

Incarné en « Kaneda Isao, pilote du 343 kōkūtai de la Marine impériale. »  le narrateur, 21 ans, en cette année 1944, se prépare à mener à bien la mission Kikisui IV  (Chysanthème flottant IV) et à mourir pour sauver son pays de la guerre.

« La fin ne m’effraie pas. J’irai vers elle les yeux ouverts non seulement parce qu’un grand pilote ne les ferme pas au moment d’entrer en collision pour ne pas rater sa cible »

Obéissant au code d’honneur du Samouraï, le jeune kamikaze – car c’est bien de suicide qu’il s’agit – va être amené, par le biais d’un événement dont je vous tais le suspens, à reconsidérer son existence, sa vision de la vie sous un angle … pacifique.

Un roman initiatique, subtil, poétique, philosophique .. de haute facture

Puissante envergure

Je vous en recommande instamment la lecture 

Apolline Elter

Pacifique,  Stéphanie Hochet, roman, Ed. Payot-Rivages,  mars 2020, 112 pp 

Billet de faveur

AE : S’il est un fil conducteur à ce roman initiatique, de conversion existentielle, c’est bien  l’idéal de perfection que poursuit le narrateur.  Sa conversion consiste-t-elle  en la possibilité d’atteindre celle-ci dans la vie, plutôt que par la mort ?  En ce sens, le roman serait-il une subtile remise en cause du code du Samouraï ?  Et une double entrée au titre « Pacifique »

Stéphanie Hochet : Merci d’avoir remarqué l’amphibologie du titre qui n’est bien sûr pas un hasard. L’espace psychologique du roman se situe tout entier dans cette tension insoluble.  En tant que fanatique du Hagakure, j’ai aimé en proposer une illustration paradoxale.

AE :  Votre roman a reçu l’émouvante, vraie, puissante consécration de la famille Nothomb. Vous avez de la sorte, vous aussi, rempli une mission sacrée :

Stéphanie Hochet : Ceci n’est pas une question mais un compliment. Je vous remercie profondément.

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