Andy Warhol- Le Renard blanc

 » (…)  comment un fils de pauvres immigrés ruthènes devint un artiste vénéré ou méprisé–la polémique fut intéressante à ausculter car il compte autant d’adorateurs que de détracteurs et ne laisse personne indifférent, encore aujourd’hui. Voici donc ma version des Très Riches Heures d’Andy Warhol »

Cette biographie, le prisme inédit porté sur la vie et la personnalité du Pape du Pop Art procèdent d’une rencontre et d’une fascination.

Lorsqu’il croise Andy Warhol à Beaubourg, le 19 janvier 1987, le jeune Jean-Noël Liaut  – il a tout juste 20 ans –  est tant frappé d’une fragrance de Shalimar que du magnétisme qui émane de l’artiste. Une puissance d’attraction alliée à une voix particulière – Warhol a adopté l’exact parler de Jackie Kennedy –  et à une parfaite courtoisie.

Le jeune homme consacre dès lors son mémoire de maîtrise à la période de la première Factory warholienne dite la Factory argentée (1964-1967).

Et se voit d’emblée proposer de publier un essai sur le sujet.

Mais Jean-Noël Liaut  résiste, refuse, il  réalise ne pas posséder la  distance nécessaire pour traiter un si vaste sujet et emploie les  trente années suivantes à étudier la vie et la carrière d’Andy Warhol., nourrissant son propos de dizaines d’heures d’entretiens avec des témoins privilégiés, égéries, amis intimes de l’artiste. Lee Radziwill, John Richardson, Ultra Violet, Hélène Rochas, Pierre Bergé, Catherine Guiness, ….

Le résultat est tout bonnement passionnant –  Le récit suit chaque étape de la vie d’Andrew Warhola, depuis son enfance pauvre,  à Pittsburgh,  frappée de maladies et d’un physique disgracieux,  l’attachement fusionnel qui le lie à Julia, sa mère, sa foi, profonde et une pratique intense de la prière qui sera un important pilier de vie.  Admirateur de Jean Cocteau, il devient, à son instar, «homme-orchestre ». Il cultive la bizarrerie, l’excentricité de son apparence pour forger la légende, le mythe attachés à sa personne.  Manipulateur, il sait rendre ses proches corvéables à merci, perturber les règles de l’art… et les psychologies, asservir le Tout New York à l’histoire qu’il est en train d’écrire.

D’une plume alerte, passionnée, passionnante, le biographe déjoue les pièges de la légende et d’une personnalité complexe et nous offre de l’artiste un portrait tracé au plus près de sa réalité, de sa psyché.

Un travail édifiant.

Une lecture hautement recommandée.

Elle sera suivie du compte rendu de la rencontre avec Jean-Noël Liaut en l’édition d’été (juin-août 2021) du magazine L’Eventail.

Apolline Elter

Andy Warhol- Le Renard blanc, Jean-Noël Liaut, essai, Ed. Allary, mars 2021, 368 pp

Billet de faveur

AE:  On peut établir beaucoup de points communs entre Andy Warhol et le frais bicentenaire Charles Baudelaire :  attachement fusionnel à la mère, fascination pour la mort et un certain dandysme. Oserions-nous parler de « Dandy » Warhol ?

Jean-Noël Liaut :La réponse est OUI, naturellement! J’appelais moi-même Andy, Dandy Warhol, et je le compare d’ailleurs au poète dans mon livre : « Il suivait les traces de Baudelaire faisant son apparition en cape azur et gants roses, tel que le décrit le photographe Nadar. » (p. 48) Plus loin, je trace un autre parallèle entre les deux en citant Fusées : « Beaucoup d’amis, beaucoup de gants- de peur de la gale. » (p. 319)

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