La guerre des récits

Si la pandémie de la Covid-19 prend son origine en Chine, dans la ville de Wuhan,  il est fascinant de constater comme sa victoire revendiquée  sur la première vague nourrit  le discours triomphaliste du Président Xi Jinping.

Lui ouvre voie ….royale pour confirmer son hyperpuissance mondiale et son infiltration croissante –  et insidieuse –  dans tous les secteurs de l’économie

Face à cette pandémie, Donald Trump a démontré son incompétence,  son absence de stratégie, davantage préoccupé par ses scores d’audience,  sa possible réélection que par la santé, voire la vie,  de ses concitoyens.

Opérant un subtil retrait, Vladimir Poutine a préféré confier la gestion de la crise aux Gouverneurs,  sans entailler cette garantie de sécurité intérieure, de rigueur efficace attaché à son image

Quant à l’Europe,  elle a vu voler dans un premier temps en éclats,  le principe de solidarité entre ses Etats. C’était le règne du chacun pour soi, face à une Italie, frappée de plein fouet, tragiquement isolée.   Il faudra l’impulsion conjointe d’Angela Merkel et d’Emmanuel Macron pour initier, sinon la construction d’un récit, du moins celle d’aide concertée et de recherches conjointes de solutions.

Tel est le constat de ce brillant essai, puissante analyse de l’impact de la crise sur les plans sanitaire, politique, économique et humain de quatre grandes puissances mondiales mais aussi et surtout de la récupération que la Chine,  les Etats-Unis et la Russie  en ont fait au service de leur propagande nationale.

Achevé à la fin de l’été et de la première vague, l’essai établit un premier bilan sur les conséquences géopolitiques de la crise

« Le SARS-CoV-2 a paralysé la planète et affaibli la Chine tout en consacrant son statut d’hyperpuissance. C’est une nouvelle carte du monde qui apparaît. Il suffit de voir la liste des pays qui, à l’ONU, ont approuvé l’annexion de Hong Kong par Pékin pour vérifier son emprise et le rétrécissement des démocraties libérales. La bataille n’a jamais cessé d’être idéologique – elle est aussi économique, technologique, militaire »

Une lecture édifiante

Apolline Elter

La guerre des récits, Christine Ockrent,  essai, Ed. de l’Observatoire, octobre 2020, 192 pp

Billet de  ferveur

AE :  Votre analyse démontre de façon fascinante mais surtout inquiétante,  combien la crise sanitaire favorise  la domination chinoise au niveau planétaire.  Elle se conclut toutefois sur une note d’espoir, sorte de défi lancé à l’Europe. Réveillée trop lentement à ses valeurs de solidarité cette dernière pourrait se révéler plus forte, désormais,  consciente que l’urgence, les priorités sont communes à tous ses Etats.

Christine Ockrent :: Oui , les priorités sont communes même si on voit ces temps-ci, en pleine deuxième vague de la pandémie, les difficultés d’harmoniser davantage les politiques sanitaires. Dans la course aux vaccins, en tout cas, qui est devenue un véritable enjeu géopolitique entre la Chine, les Etats-Unis et la Russie,  les fonds levés pendant l’été par la Commission européenne s’ajoutent aux moyens des états membres pour financer la pré-commande des doses en quantité nécessaire. Encore faut-il que le plan de relance massif de nos économies, dû aux efforts conjugués d’Angela Merkel et d’Emmanuel Macron, ne soit pas entravé davantage, et que notre tissu social, durement éprouvé, tienne le coup. Même si nos systèmes démocratiques sont par définition ouverts à la contestation et à la multiplicité des récits, cette épreuve commune doit nous faire prendre conscience de nos atouts. L’Europe ne peut pas demeurer à la fois la proie et la spectatrice du duel frontal engagé entre la Chine et les Etats-Unis pour dominer la nouvelle ère technologique.

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