La fin des abeilles

Le récit procède d’un rêve initial et se conclut d’une douloureuse réalité : le décès de la mère de l’auteure, le 13 février 2021, en plein rebond de la crise sanitaire

Alors Caroline Lamarche se penche sur les derniers mois de vie de sa Maman, les affres et crue réalité de la grande vieillesse, de la dépendance, de l’emménagement en maison de soins, mais aussi et surtout, révèle la douceur d’une relation apaisée.

« Je pense à ce que je fais ici, semaine après semaine. Ce récit sur ma mère qui ne conserve que l’essentiel. À côté s’accumulent des masses de souvenirs déjà épluchés, en attente, tels les provisions débordantes de Gabrielle, ses plats pour dix personnes à l’intention de nous seules et dont les restes somptueux dormiront dans le congélateur pendant des mois, nul doute que nous en mangerons encore quand notre mère sera morte. »

Récit d’hommage à une mère courageuse, gratifiante et souriante, grande lectrice d’audiolivres depuis qu’une quasi cécité lui interdit la lecture classique, le texte pose des mots justes, tantôt douloureux, tantôt drôles sur le regard que lui porte sa fille aînée.

Une  « de plus en plus vielle mère » dont l’entrée dans la dernière phase de sa vie est marquée par l’arrêt de son hobby d’apicultrice.

Un récit bouleversant qui nous surprend d’empathie, tant il rejoint nos propres émotions et qui rend vie à une dame qu’on aurait bien voulu connaître.

Apolline Elter

La fin des abeilles, Caroline Lamarche, récit, Ed. Gallimard,  mars 2022, 208 pp

Billet de faveur

Billet de faveur

AE : votre maman est partie, discrètement, en pleine crise sanitaire.  Bien que vous vous défendiez d’écrire des lettres à quiconque, ce récit résonne comme une missive de reconnaissance à son égard. Il est même doté d’un post-scriptum :

Caroline Lamarche:

PS:  Emily Dickinson, dont je cite quelques vers au passage, on la nommait « la dame en blanc qui nourrit les abeilles ». J’aimerais nourrir toutes les abeilles du monde, maintenant qu’elles sont en voie de disparition. Mais je serais en rouge, parce que c’est ma couleur intérieure, même si je ne la porte jamais. Ma chère maman, elle, portait souvent du rouge, comme on le voit sur la photo. Quand j’étais petite, elle me tricotait des maillots de laine rouge, qui me grattaient horriblement et mettaient des heures à sécher. Evidemment une petite fille en rouge se perd moins sur la plage. Je ne me perdais jamais. Une fois seulement, sur la digue. Fichue foule. Je ne suis pas un insecte social comme l’abeille . Je m’oriente bien mieux dans un espace vide. La plage. Le ciel. La page. Je dépose le pollen de mes mots et tant mieux s’il féconde une rose des sables, une fleur de papier ou une étoile morte dont la lumière nous parvient encore.

 

 

 

PS

Emily Dickinson, dont je cite quelques vers au passage, on la nommait « la dame en blanc qui nourrit les abeilles ». J’aimerais nourrir toutes les abeilles du monde, maintenant qu’elles sont en voie de disparition. Mais je serais en rouge, parce que c’est ma couleur intérieure, même si je ne la porte jamais. Ma chère maman, elle, portait souvent du rouge, comme on le voit sur la photo. Quand j’étais petite, elle me tricotait des maillots de laine rouge, qui me grattaient horriblement et mettaient des heures à sécher. Evidemment une petite fille en rouge se perd moins sur la plage. Je ne me perdais jamais. Une fois seulement, sur la digue. Fichue foule. Je ne suis pas un insecte social comme l’abeille . Je m’oriente bien mieux dans un espace vide. La plage. Le ciel. La page. Je dépose le pollen de mes mots et tant mieux s’il féconde une rose des sables, une fleur de papier ou une étoile morte dont la lumière nous parvient encore.

 

 

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