Anna de Noailles

Une perle s’ajoute au beau collier de la collection « Folio biographies »  – tous textes inédits –  à savoir la biographie d‘Anna de Noailles (1876-1933) tracée de la plume remarquable de Frédéric Martinez

Un coup de coeur.

Née à Paris,  Princesse -roumaine- de Brancovan, Anna-Elisabeth est, pour le moins, choyée des fées:  de prestigieuse ascendance, elle est riche, belle, douée, passionnée.

 » Hélas, la vie se passe en prose »

A la mort de son père en 1886 – Anna n’a que dix ans – se greffent les vissitudes d’une santé vacillante et d’un tempérament porté à la mélancolie. Il le sera à vie, masqué sous une attitude exubérante, drôle, charmante,  saoûlante, encombrante.

Guérie de maux de ventre récurrents par l’opération de l’appendicite, Anna épouse le comte – charmant – Matthieu de Noailles. Son anti-conformisme enchante les cercles. Le couple est uni dans sa défense du capitaine Dreyfus.  Mais Anna ne peut se contenter de l’amour de Mathieu, collectionne les amants , amitiés amoureuses, – Maurice Barrès, Charles Demange, Henri  Franck, .. les admirateurs:  Robert de Montesquiou, Marcel Proust, lesquels encensent sa poésie, sa plume.  Elle connaît, de fait, le succès avec les recueils,   Le coeur innombrable (1901),  L’Ombre des jours, (1902), Les Eblouissements (1907) ,   devient ainsi  la  » muse officielle de la IIIe République »..

Mais elle ne supporte guère plus la critique- inévitable quoique modérée –  que les migraines – fréquentes- et passe bientôt  de longs moments en sa chambre « mansadre » de l’avenue Scheffer. Elle y reçoit certains visiteurs, allongée en son lit. L’amie de Jean Cocteau, , l’abbé Mugnier, d la comtesse Greffuhle…  est un oxymore à elle seule, qui a la « tristesse éclatante » Elle est aussi un palindrome, son prénom pouvant s’écrire/ se lire  dans les sens

La guerre 14 lui permet d’admirer la conduite héroïque de Mathieu,  malgré la tiédeur de leur relation,   de  sortir de sa chambrée pour tricoter des cache-nez pour les soldats aveugles , de se passionner pour la politique.

Les années vingt lui offrent la consécration avec l’attribution du Grand Prix de littérature de  l’Académie , l’entrée en l’Académie royale de Langue et Littérature françaises de Belgique – elle préfèrerait celle de France – mais aussi un lot (trop) important de décès en son entourage. Elle souffre, le signifie en publiant chez Grasset, L’honneur de souffrir (1927) et meurt le 30 avril 1933,  nantie de l’absolution de l’abbé Arthur Mugnier.

Ponctuée de chapitres vifs,courts, subtilment titres,  cette biographie se déguste comme une friandise.

Je vous la recommande

Apolline Elter

Anna de Noailles, Frédéric Martinez, biographie, Ed. Gallimard / Folio biographies – Inédit, oct. 2018, 384 pp

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *