Oh Merci
Oh Marci !
C’est en effet un sentiment de gratitude qui domine, à la lecture, à l’écoute de ce joyeux joyau d’entretiens menés, fondus en Omar Sy, avec tact et détermination, par la journaliste Elsa Vigoureux.
Quelque trente mois de rencontres, conversations, whatsapps menés, à bâtons (inter) – rompus, de septembre 2021 à février 2024 et consignés en sept carnets
L’exercice était acrobatique car, derrière son sourire géant, son rire si communicatif, l’acteur franco-sénégalais entend baliser les sujets, préserver son intimité voire son énergie.
Heureusement, de l’énergie, il en a à revendre et surtout à donner
Car, je le crois, c’est ça le secret de son immense popularité: Omar Sy est vrai, il a une hygiène de vie, une éthique sérieuses, fondées de foi, de gratitude et du sentiment d’appartenance à un groupe
Il semble davantage être un transmetteur qu’une fin en soi.
L’humour, les vannes en sont d’imparables vecteurs de communication mais aussi protecteurs, d’une pudeur qu’il ne veut pas entamer Halte-là, on ne va pas au-delà de ce qu’il entend délivrer
Et cela, Elsa Vigoureux l’a perçu, qui consigne avec humour les fins de non recevoir de certaines de ses questions
Omar Sy, homme du présent.
Tout est moteur dans ce quotidien qu’il vit, à fond, gourmand, gourmet, comme un amas de présents: son épouse, Hélène, efficace et solaire, leurs cinq enfants: Selly, Sabah, Tidiane, Alhadji, Amani-Nour, son chien, Tato, ses neveux, Alassane et Bayou Diong qu’il fait siens, ses amis, choisis, tel Jamel Debouze, et ce public qu’il aime et le lui rend bien.
Propulsé par le colossal succès du film Intouchables (2011) Omar Sy voue une reconnaissance pérenne à Olivier Nakache et Éric Toledano, qui ont cru en lui, ont fait de lui un adulte
» Je suis le même mais augmenté »
Et c’est sans doute cela la sagesse, la grande leçon de vie de cet ouvrage: Omar Sy n’a relégué aucune de ses valeurs de vie, sous la corruption du succès, de l’argent; de la gloire
Intrinsèquement épris d’Hélène – époustouflante héroïne du recueil en filigranes – ce géant de coeur et de valeurs mène une existence sobre et saine – qu’il qualifie d’ordinaire – à travers ses lieux de vie répartis entre Paris, le Sénégal, la Californie et Saint-Rémy de Provence.
» Ma maison, c’est là où je me trouve »
A lire et faire lire par toutes les générations
OU faire écouter :
» J’aimerais que notre livre ait aussi une vie audio… »
Souhait réalisé des voix, justes et adéquates des principaux protagonistes: Elsa Vigoureux, Hélène et Omar Sy
Viens, on se parle, Omar Sy, Elsa Vigoureux, journal d’entretiens, Ed. Albin Michel, avril 2024, 290 pp- Ed Audiolib, avril 2024, texte intégral lu par Elsa Vigoureux et Omar Sy avec la participation d’Hélène Sy, durée d’écoute 6h 01 minutes
Billet de ferveur
AE : votre approche d’Omar Sy est faite de réserve, de respect et d’un maximum d’objectivité journalistique – vous ne la prétendez pas infaillible tant il est difficile de résister au charisme de cet homme.
Elsa Vigoureux : J’ai tenté de me positionner là où j’avais ma place, c’est-à-dire comme une observatrice qui a bien conscience qu’elle est dans la vie de quelqu’un, je devais me fondre dans le paysage, sans y prendre une place qui aurait pu bousculer l’ordre intérieur d’Omar et sa famille. Je voulais voir Omar à hauteur « humaine », c’est-à-dire du point de vue du quotidien, dans son rapport aux choses de l’ordinaire, aux thèmes que nous partageons tous à égalité, l’amour, la foi, l’altérité, la famille, le travail, etc. Je ne suis pas du tout une journaliste objective, je ne prends pas de hauteur, je peux avoir de la distance (l’écriture la fabrique), mais une relation d’amitié s’est développée avec Omar et les siens, et l’attache qui s’est nouée entre nous est comme un « personnage » dans ce livre. Elle compte. Je suis très très curieuse, mais je n’ai jamais oublié qu’il a ouvert les portes de son intimité. Il a joué le jeu de la transparence, de la franchise et de la confidence. J’ai donc travaillé en retour avec un sentiment de reconnaissance, un devoir de loyauté. Ma démarche n’est pas de faire taire mes affects, au contraire, je les assume et ils teintent de sens mon travail. Je crois aussi qu’ils offrent en miroir une appréhension précise du charisme d’Omar… Plus juste que si je m’étais lancée dans une description objective et froide de l’icône qu’il représente (ce que je n’aurais pas su faire bien, de toute façon).
AE : Par certains points, on perçoit une personnalité christique, tant ses valeurs sont saines, solides, fidèles, engageantes, engagées. Ainsi il déploie régulièrement sa joie de vivre au sein des hôpitaux et de l’association « Cé ke du Bonheur » fondé voici vingt ans et présidée par Hélène Sy :
Elsa Vigoureux : Je ne sais pas s’il a une « personnalité christique », mais le fait est qu’il a une approche assez collective de la vie, selon moi. Je crois que le souci de son prochain, si on veut rester dans la métaphore religieuse, est une préoccupation centrale, intime, chez lui. Il n’en fait pas du tout la publicité, il est même discret. C’est sa manière de vivre, il est attentif aux attentes et aux besoins des gens. Pour CKDB, par exemple, c’est sa femme Hélène, qui m’en a beaucoup parlé, qui m’a expliqué combien ça comptait pour lui. Omar ne m’en parlait pas. J’ai compris, en le suivant à l’hôpital, pourquoi il ne veut pas qu’on le regarde dans ces moments-là : il n’est disponible pour personne, il est tout entier avec les enfants.
AE : La vie, par le prisme d’Omar Sy : un avant-goût de paradis ?
Elsa Vigoureux : La vie avec Omar Sy…? Je ne partage pas sa vie, j’ai seulement pu voir à quoi elle ressemble, qu’elle est composée de multiples lieux, qu’elle est riche de tous les personnages qu’il incarne. La vie d’Omar Sy a surtout un goût de liberté, selon moi. C’est un homme qui se balade sur un pont reliant le réel et l’imaginaire. A son contact, le rêve qui donne des ailes, reprend ses droits.