Et votre remarquable patience, chers lecteurs, qui découvrez, ce jour seulement, la chronique d’un roman paru en janvier 2018…
Et quel roman… De toute, d’extrême beauté, il mérite qu’on arrête pour lui le rythme effréné de la rentrée de ce janvier..
» Ce soir,Louis n’est pas rentré. »
Ains’incipit le récit d’une longue attente. L’attente d’Anne , la narratrice, la mère, veuve du pêcheur breton Yvon Le Floch, remariée à Etienne Quémeneur ..
Le couple a conçu deux enfants, Gabriel et Jeanne.
Louis, fils d’Yvon, ado de seize ans, « arc-bouté », » à vif » ne trouve pas sa place dans sa nouvelle famille. Il est, se sent, aux yeux d’Etienne, « le témoin encombrant d’une autre vie. »
Une vie, un milieu social qui peinent à s’accorder avec le statut qu’Etienne offre à la famille.
» Depuis, ce sont des jours blancs. Des jours d’attente et de peur, des jours de vies suspendue (…) »
Apprenant que Louis s’est vraisemblablement engagé dans la marine, Anne lui écrit de longues, tendres, merveilleuses lettres, lui promettant, à son retour, un festin digne de celui de Babette ( K Blixen- 1958). Un festin qui a du sens.
» Le festin de ton retour, nous le poursuivrons avec ce qui vient de la mer. Qu’elle nous redonne enfin quelque chose, après t’avoir retenu si longtemps, après avoir gardé ton père au milieu des flots. »
Pour communier avec son fils, dont elle espère le retour – prodigue – Anne passe de longues heures, de langueur, en son ancienne maison, celle où elle se sent chez elle, chez eux.
Le temps s’égrène lent, celui d’une lecture dense, poignante, bouleversante.
Je vous la conseille instamment
Apolline Elter
Une longue impatience, Gaëlle Josse, roman, Ed. Notabilia, janvier 2018, 192 pp