Partout dans le bassin méditerranéen le chardonneret déploie ses ailes. Mais ici, plus que nulle part ailleurs, il est chéri, adulé: les Algériens 1’appellent le maknine. J’ai décidé de me lancer dans une enquête sur cet oiseau fascinant. Tour à tour enjôleur, enchanteur, mélancolique, son chant invite nos interlocuteurs à la confidence. Les langues se délient et la parole se libère.
Si le récit revêt parfois le tour d’un documentaire – et pour cause, Seham Boutata a produits deux reportages télévisuels sur le chardonneret- il est surtout fabuleux prétexte à pénétrer l’âme algérienne, celle des racines paternelles de l’auteur.
Oiseau gracieux, magnifique, coloré, le « maknine » possède une mémoire et un registre vocal très étendus.
Et partant, un talent d’imitateur hors pair.
Ses capture et possession sont interdites en France depuis 1979; pour les Algériens et membres de la confrérie majoritairement masculine du chardonneret , ce dernier cristallise cette liberté d’expression rendue possible par le seul biais de la musique.
A son évocation les yeux brillent, les langues se délient comme le démontre finement la journaliste au long d’un récit captivant
Et de nous encourager à écouter le tub que constitue Ya Maknine Ezzine (ô joli chardonneret) interprété par Mohamed El Badji
Une lecture recommandée
Apolline Elter
La mélancolie du maknine, Seham Boutata, récit, Ed. Seuil, mars 2020, 198 pp