Si tu ne m’aimes pas, je t’aime

Si tu ne m'aimes pas, je t'aime

 

« Peut-être,poursuit-elle, les textes qui vont suivre, nous aideront-ils à comprendre,à déchiffrer le mystère amoureux, et pas seulement le nôtre Peut-être, en mettant par écrit notre histoire, de notre rencontre jusqu’à aujourd’hui, aurons-nous trouvé, tels des alchimistes modernes, ce passage toujours recherché, jamais découvert, qui transforme le plomb en or: l’or de l’amour contre le plomb du quotidien.

Voilà le défi philosophal que s’assignent Catherine Laborde et Thomas Stern, couple célibataire -partageant des tranches de vie plutôt qu’un toit – tandis qu’ils rédigent, à deux voix, le récit d’une relation aux allures aussi libres qu’irrémédiablement aimantes. Dans le chef d’un philosophe et d’une présentatrice habituée aux turbulences de la météo, on ne peut qu’attendre une mise en scène secouée:  de ce côté, le lecteur ne sera pas déçu, découvrant comme l’amour peut être complexe dans son expression: « L’amour est fractal. Pour durer dans les corps et dans les âmes, il a besoin de ruptures. Un couple sans scène, ça n’est pas vraiment un couple, juste un pâle arrangement entre les fantômes. » (Thomas Stern)

Cynique à ses pages (Lui), tendre à d’autres (Elle), pudique sur certains points, crue sur bien d’autres, sincère sans doute, irrésistible quand le chapitre 57 se fait le théâtre d’une scène conjugale hilarante , indiscrète et complice, cette relation d’amour est pour le moins…déconcertante.

« J’hésite à l’écrire, mais nous sommes sans doute un couple heureux…Nous vivons un bonheur comme tous les bonheurs, nourri de rêves et de projets avortés qui semblent prouver que la réalité est insatisfaisante. Pas du tout. Les couples heureux ont des histoires et nous ne sommes jamais à court d’invention. »

De ce côté, on peut compter sur eux.

 

Apolline Elter

Si tu ne m’aimes pas, je t’aime, Catherine Laborde & Thomas Stern, Flammarion, février 2010, 344 pp, 19 €