‘ Ce pont, toujours recommencé, accompagnait comme un frère la vie de ceux qui l’utilisaient. »
A n’en point douter, le personnage-clef du roman est un pont.
Un pont sur la Seine.
Et sa vie, son activité plus précisément, sera étudiée, à travers le vingtième siècle.
Substitué au bac qui reliait, au gré des prestations du passeur, les municipalités de Saint-Amand et de Champagne, le pont, érigé en 1864, avait pour mission de faciliter les déplacements des habitants.
Partant d’en fluidifier les contacts.
Las, il aura plutôt un effet séparateur
Et verra de nombreux viticulteurs de Saint-Amand, réputé pour son chasselas, le franchir pour se faire embaucher à l’usine de Champagne, quand la guigne s’acharnera sur leurs plantations
En pont de mire, la famille Vernet, Lucien et Georges, fils jumeaux de Germain, viticulteur
Lucien reste à Saint-Amand; se marie, meurt au front de la Grande Guerre, tandis que Georges franchit le pont pour se faire embaucher en l’usine.
Et sa descendance de snober leurs cousins amandois.
Mais les Champignots connaîtront aussi certains revers, et c’est ce va-et-vient de petites gloires et d’aléas, sorte de principe de vases communicants- qui constitue la trame de ce récit, magistral, alerte, goguenard, si bien observé, si bien conté.
Sans oublier les horribles mesquineries dictées par le sentiment de vengeance
Une lecture hautement recommandée,
Apolline Elter
Un pont sur la Seine, Pauline Dreyfus, roman, Ed. Grasset, août 2025, 208 pp




































































































































































