« La liberté qui me gagne est un supplice, c’est dommage. Il faut croire que femme rompue n’était pas à ma portée. Je mesure l’importance de ma structure de conjointe au cratère qu’elle ouvre en s’effondrant. Trop tard. »
Quand Michelle décide de quitter Sirius, de recouvrer sa liberté, tout en restant la maman attentive de Lou, bientôt 6 ans, elle ne soupçonne pas l’effondrement qu’elle va opérer dans sa propre existence.
La dévastation psychologique et physique que cette décision implique
» Une entreprise de démolition a pris mon minuscule visage comme terrain d’exercice »
Armée de cette écriture singulière qui est sa signature, écriture syncopée, à la syntaxe décalée, à fleur de plume et de sensibilité, l’autrice nous édcrit le calvaire de Michelle et les effets médicamenteux des prescriptions d’Ariel, son psy.
Sa position d’observatrice extérieure rend certaines descriptions hilarantes – Marie Pourchet excelle en métaphores inventives – quand elles ne sont pas tout simplement bouleversantes, telle celle de la disparition soudaine de Lou, mise en étroit parallèle avec celle, en 1984, du petit Grégory, contemporain et presque voisin de l’écrivaine.
« La mort de Grégory a irradié les enfants à la ronde d’une vérité monstre qui fit légende. »
Que faire?
« Et à nouveau aujourd’hui, seule et renchérie d’un enfant, il fallait trouver où et comment vivre. »
Un roman détonnant, dans la pure lignée inventive et …décoiffante d’une romancière hors pair
Apolline Elter
Tressaillir, Maria Pourchet, roman, Ed. Stock, août 2025, 336 pp