Jusqu’alors, ce qu’elle avait connu de plus dur dans sa vie, c’était manger son vomi chez Bonne-Maman de Gand; Elle y était arrivée grâce à sa formule magique. Il fallait qu’elle l’essaie à nouveau, elle ne pourrait pas continuer avec ce fardeau »
Si le roman d’Amélie Nothomb revêt d’abord l’allure d’un conte tragique :- Adrienne, une fillette de quatre ans est maltraitée pas sa grand-mère maternelle, durant les mois d’été passés, en 1942, dans sa maison de Gand (Belgique – Flandre orientale)- il s’inspire directement de la vie de sa propre maman, Danièle Scheyven, décédée voici un an, le 11 février 2024.
Développant face à la cruauté de son aïeule, une positivité à tout crin, véritable instinct de survie, matérialisée dans la formule- mantra « Tant mieux » l’enfançonne » réalise tôt les dégâts opérés sur l’enfance de sa mère, Astrid, et la haine des chats contractée par cette dernière. Elle devient ainsi témoin privilégiée d’une dualité maternelle pathologique, – en mode Jekyll et Hyde – qu’elle tente secrètement d’épauler.
C’est beaucoup à porter pour cette jeune personne d’autant que le couple de ses parents, Donatien et Astrid, se dispute copieusement
Tentant post-mortem de rendre hommage et justice à la personnalité complexe d’une mère, qu’elle aime «d’un amour absolu et déconcerté », l’écrivaine ne brigue pas la fluidité incorporée de « Premier sang » (Ed Albin Michel, Prix Renaudot 2021) Pour mémoire, le récit relatait la vie de son père, Patrick Nothomb, décédé le 17 mars 2020, à l’entame des confinements drastiques dus au COVID 19 (Chroniqué sur votre site préféré)
« Ma mère n’a pas réussi sa mort Elle avait perdu presque toute sa tête. Personne ne s’est aperçu de son décès »
Et d’affirmer : « Le silence injuste qui a entouré la mort de ma mère a rendu plus vif encore mon besoin d’écrire un livre sur elle »
Un récit édifiant
Apolline Elter
Tant mieux, Amélie Nothomb, roman, Ed. Albin Michel, août 2025, 216 pp