Où les étoiles tombent

« Mais un matin que rien n’annoncera, l’un de vous deux chutera et se brisera jusqu’à la moelle ; vous ne partagerez rien, l’autre sera indemne, mais de vous deux, une grande part s’effondrera. Et la suite, plus longue que la joie, ne sera que douleurs, doutes et regrets. Il vous arrivera d’attendre que les jours passent. »

Ainsi s’inscrit la tragique chute en parapente, de Mathilde Sapin-Defour le matin du  vendredi 12 août 2022.

« La vie n’attend pas que nous soyons prêts. »

Et pour cause, rien ne prévoyait l’accident qui faut à lui coûter la vie, la précipite dans le coma et une paralysie heureusement réversible. Mais cela, pour l’heure, on ne le sait pas encore.

Focalisé sur ce vendredi de mi-août, fatal jour J, l’auteur du récit, son mari, opère un va-et-vient continu entre la période d’avant, qui scelle la constitution d’un couple aimant,  vivant dans un van, au gré d’une « vie grassement nomade » et celle de la lente reconstitution de l’intégrité physique de Mathilde.

« Pour ces heures infinies, j’ai une nouvelle compagne : la douleur. Elle est affamée, rien ne la contente. »

Avec une rare introspection, une acuité, mais surtout une tendresse, un amour  à tout crin, Cédric Sapin-Defour va sonder tous les sentiments, sensations, affres,  qui assaillent le partenaire, par trop impuissant de la tragédie. Les changements constitutifs qu’entraînent inévitablement les très graves accidents.

« (Du)deuil à entreprendre des permanences. »

Et d’un certain équilibre de la vie à deux.

Dont:

« Ces instants de montagne telle que nous la vivions n’adviendront plus. Ça me fait assez peur car la montagne reliait tout ce qui était dispersé dans ma vie. »

La simplicité du couple, sa gaieté, son courage conjoint, les nombreux amis et familles attirent l’empathie, la sympathie.

A 98 %

« Je l’ignore à ce jour, elles seront les deux seules abruties sur les plus de cent à s’être occupés de toi. L’une avec ses mains, l’autre avec ses mots. »

Un récit qui est leçon de survie, de sagesse et de vie

Il y a du Jean Ferrat, de son célèbre « C’est beau la vie » en Cédric Sapin-Defour

« Notre vie suivante sera belle. Parce qu’elle est inespérée et qu’elle existe. »

Apolline Elter

Où les étoiles tombent, Cédric Sapin-Defour, récit, Ed. Stock, août 2025, 400 pp

 

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