Je vous parlai avec ferveur de l’excellent recueil d’écrits de Jean Malaurie (1922-2024) adaptés par Virginie Berling en vue de la lecture-spectacle qui enchanta le Festival de la correspondance de Grignan, le mardi 1er juillet, :https://www.lepavillondelalitterature.com/les-chroniques-dapolline-elter/les-inuit-je-ne-les-ai-pas-etudies-je-les-ai-vecus/
Le moment est venu de résumer- pour partie- la rencontre de toute haute volée survenue le lendemain aux côtés de Philippe Charlier . Un entretien mené de main de maître par Pascal Schouwey
Médecin légiste, archéologue, anthropologue, paléopatholigiste, entre autres distinctions et néanmoins formidablement sympathique, – et drôle, ce qui ne gâche rien – Philippe Charlier a pris en 2021 la direction de la collection « Terre humaine » fondée chez Plon par Jean Malaurie et dirigée un temps par un autre médecin, à savoir Jean-Christophe Rufin. Désormais confiée à un collectif, la collection a pour vocation de dénoncer des situations de crise à défaut de pouvoir toujours les résoudre La publication fait alors office d » »inventaire avant liquidation »
Vouant une solide admiration à son prédécesseur, décédé centenaire, géant à forte poigne … et personnalité, Philippe Charlier le décrit comme un homme de terrain, prêt à risquer sa vie – ce que Jean Malaurie a fait de nombreuses fois – au service de la cause qui lui tient à l’âme . Le géomorphologue consignera ses mémoires, synthétisera ses écrits, son testament spirituel dans un essai publié en 2022, De la pierre à l’âme (Ed Plon) . Personnalité plurielle et artiste à ses heures (il réalise des pastels) f il ait figure à la fois d’aventurier et de mystique – il se définit comme un chaman – conférant de la sorte plusieurs degrés de lectures à ses écrits. Devenu son « cabinet de réflexion » l’Arctique a fait de lui un vrai Inuit, épris de l’esprit de mesure et de respect sacré de la nature, identitaire de la population.
La succession à la tête de « Terre humaine » ne pouvait être confiée qu’à une personnalité d’envergure: celle de Philppe Charlier n’en peut que conforter l’idée.
Issu d’une lignée de médecins – et d’une mère pharmacienne- Philippe Charlier, né en juin 1977, voue une passion première à l’archéologie. Qu’à cela ne tienne, il cumulera les titres de docteur en médecine – légiste – en archéologie et sciences bio-éthiques. Fort d’un registre de plus de 2500 autopsies, le chercheur multiplie les travaux et investigations sur les restes humains de Lucy, Descartes, Diane de Poitiers, Hitler… spéculant sur les causes de décès de personnages illustres tel Napoléon. D’aucuns le surnomment L’Indiana Jones des cimetières . D’aucune (moi) se pâme de le voir parler avec tant de simplicité et ‘humour, de travaux d’une précision absolue sur des reliques mythiques (la Saibte-Croix entre autres)
Ajouté à cet entretien palpitant, l’argument d’un roman des plus engageant – comment a-t-il échappé à mon attention ?- signé Philippe Charlier, La dame du jeu d’échecs, Ed. Plon, oct 2024
En voici le résumé, glané sur le site de l’éditeur:
« Tout commence par une photographie : celle, prise en 1922, d’une adolescente indochinoise, transformée en pion d’un jeu d’échecs vivant. Tombé amoureux de ce portrait découvert, par hasard, dans un recueil de clichés de l’époque coloniale, l’auteur décide sur un coup de tête de partir à Hanoï, quatre-vingts ans plus tard, à la recherche de cette femme. Pour tenter de découvrir qui elle est et élucider son énigme.
Du bagne infernal de Poulo Condor à la pagode de la Grande Déesse, de l’offensive du Têt aux rizières de Son My, Philippe Charlier nous offre ici un périple intime et bouleversant, au coeur d’une histoire tragique : celle du Viêtnam. »
Utilisant les techniques d’investigation familières à son métier Philippe Charlier parvient à retrouver la trace de la jeune fille, le fil de sa vie et en faire un récit dont 95% des éléments sont vrais
Vous l’aurez compris :une rencontre d’exception -merci à Pascal Schouwey de l’avoir animée
Apolline Elter
Photo ( de gauche à drioite) Philippe Charlier, Viriginie Berling, Pascal Schouwey et Eric-Emmanuel Schmitt