Manuel de survie à l’usage des incapables

84626100551480M.jpgIl sera dit que nous aborderons septembre  en Absurdie. Maître en la matière,  notre compatriote Thomas Gunzig structure ses propos sur fond de logique cartésienne, implacable. Véritable illustration de ce surréalisme belge qui est notre fierté, notre patrimoine.

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Mise en garde : Si vous ne saisissez pas le lien entre le titre et le contenu du roman, c’est sans doute qu’il est urgent de le (re)lire…

«  Les quatre jeunes loups n’avaient pas reçu de noms. On les appelait Noir, Gris, Brun et Blanc, les couleurs qu’ils avaient à la naissance et qui avaient permis de les qualifier dès que leur mère, crevée, dépassée et en pleine montée de dépression postpartum, les avait présentés à la fille des services sociaux qui s’en foutait complètement mai s qui avait besoin de « quatre putains de noms pour ses quatre foutus listings »

Livrés à un sinistre sort, depuis leur sinistre naissance, mi-hommes, mi-loups, mi-Dalton – d’accord, cela fait trois demis – les protagonistes du roman entendent venger la mort de leur mère, Martine Laverdure, caissière injustement licenciée d’un supermarché pour un soupçon de liaison avec un collègue, Jacques Chirac Oussomo.

Enchaînant avec brio les situations les plus désolantes, crues, cruelles, désopilantes, Thomas Gunzig  se joue, avec un cynisme confondant des relations humaines, sexuelles, professionnelles et meurtrières,  fustigeant sans vergogne les théories relationnelles, systémiques et compagnie…

Il  frappe ce roman bien ficelé d’une dimension cosmique, comique, sidérale et sidérante.

Apolline Elter

Manuel de survie à l’usage des incapables, Thomas Gunzig, roman, Au Diable Vauvert, août 2013, 410 pp, 18€