« Non, Dickens ne vieillira jamais »

Trop souvent associé, confiné peut-être, du moins en France, aux lectures d’enfance, le père de David Copperfield, des Grandes espérances, d’Un conte de Noël et … de dix rejetons, Charles Dickens (1812-1870) meurt d’épuisement, à 58 ans, au faîte de sa célébrité.

Mort d’épuisement et de passion aussi, car Philippe Delerm nous révèle que, non satisfait de son seul travail de plume, l’écrivain anglais se prêtait à des lectures publiques (d’extraits) de ses oeuvres, galvanisant d’ardeur et d’émotion des salles entières

« Et puis, aux abords de la cinquantaine, une révélation le saisit : cet amour pour le théâtre n’est pas autre chose que la fièvre qui l’a poussé à écrire tant de romans. »

Qu’on ne s’y méprenne:

 » Cela aurait pu être une petite vanité d’auteur comblé par le succès. Mais c’est le début d’un mystère, d’un bonheur insondable et d’un inéluctable épuisement. »

Un bonheur qui comble pour une part le vide créé en sa propre vie privée et surtout le besoin vital d’applaudissements qui jalonnera toute sa vie.

  » Et en regard, cette mélancolie persistante :par ses parents, sa femme, ses enfants, et même sa maîtresse, Dickens n’a pas su se faire aimer comme il s’est fait aimer par ses romans. »

Confrontant l’homme privé, l’enfant « précipité à douze ans dans une fabrique de cirage« à l’écrivain célèbre, l’essayiste se livre à l’analyse d’Un conte de Noël, emblématique de l’esprit de Dickens.

Une lecture de saison et de savoureux assaisonnement

Qui pose la question existentielle, ,au coeur de l’ouvrage:

« Peut-on appeler bonheur le long suicide de Charles Dickens? « 

Et s’interroge avec acuité sur le rôle, la valeur, de la correspondance des écrivains; ce sera pour nous, l’objet d’un futur développement .

« Voilà pourquoi je me permets de vous donner ce conseil : lisez Dickens. »

Merci, Philippe Delerm

Apolline Elter

Le suicide exalté de Charles Dickens, Philippe Delerm, essai, Ed.du Seuil, septembre 2025, 132 pp