Le dernier amour de George Sand

images.jpg« Voilà peut-être ce que l’on appelle la maturité: le sentiment du bonheur, la capacité d’en jouir, la conscience de sa fragilité. »

C’est à la figure d’Alexandre Manceau – le « dernier amour » de George Sand que la biographe Evelyne Bloch-Dano s’attache, dans un essai vivant, brillant, passionnant.

La célèbre écrivain a 45 ans quand Alexandre Manceau entre dans sa vie; il en a 13 de moins. A première vue, il paraît son valet, attentif à ses moindres désirs, lui qui « se met tout entier dans un verre d’eau qu’il m’apporte ou dans une cigarette qu’il m’allume. » Mais la relation est bien plus riche qu’il n’y paraît: « seul homme à la mesure de la générosité [sandienne] », Alexandre sera 15 ans durant le compagnon « à la fois homme et femme comme elle« ,  d’une George Sand apaisée, simplement heureuse d’aimer. La période est  féconde pour l’écrivain qui publiera alors  pas moins de cinquante ouvrages. Seule la mort d’Alexandre, en 1865, rompra l’harmonie du couple.

Au départ de cette période de quinze ans et d’une analyse approfondie du couple Sand – Manceau, Evelyne Bloch-Dano autopsie la relation violente qui unit George Sand à Solange, sa fille: fille présumée  de Stéphane d’Ajasson de Grandsagne, Solange restera toute sa vie, « la part d’ombre » (et d’échec) de sa mère.

En parallèle et écho contrasté, la relation tendre, généreuse, passionnée qui lie  l’écrivain à son fils chéri, Maurice, alias « Bibi »,  à ses petits-enfants, dont sa chère Nini, tragiquement décédée,  à sa belle –fille, Lina Calamatta – « J’adore ma nouvelle fille » – et à  tous ces enfants d’adoption que George Sand couvera de son aile bienveillante.

Et puis, il y a le  portrait de Nohant,  la demeure qui incarne l’hospitalité légendaire de sa propriétaire (rendez-vous, demain à 17 heures pour un High Tea centré sur un magnifique passage de l’ouvrage). Nohant qui aura vu tant de personnalités de prestige, Balzac, Flaubert, Tourgueniev, Liszt, Marie d’Agoult, Théophile Gauthier, Edmond Plauchut…. s’assoir à sa table, goûter aux joies d’un séjour qui pouvait parfois se prolonger plusieurs années…

Merveilleuse George Sand, sincère, altruiste et entière dans ses engagements.

Une lecture hautement recommandée

Apolline Elter

Le dernier amour de George Sand, Evelyne Bloch-Dano, biographie, Ed  Grasset, septembre 2010, 320 pp, 20 € 

Billet de ferveur

AE: Evelyne Bloch-Dano,  vous voyez en Nohant, la « texture du paysage mental » de George Sand. Le lecteur sent battre le coeur de la demeure, à travers les passages que vous lui consacrez. (Quand) nous concocterez-vous  une biographie de Nohant?

Evelyne Bloch-Dano: Ce n’est pas dans mes projets ! J’ai jadis consacré un livre à la maison d’Émile Zola (Le roman d’une maison – Chez les Zola à Médan Payot), mais on a déjà beaucoup écrit sur Médan…

 AE: George Sand se serait-elle éprise d’Alexandre Manceau si elle l’avait rencontré, dix ans plus tôt?

Evelyne Bloch-Dano:  Comment savoir ? Probablement, non.  Dix ans plus tôt, à peu de choses près, elle rencontrait Chopin…

AE: A votre avis, quelle serait la « madeleine de Proust » de George Sand?

Evelyne Bloch-Dano: Je renvoie vos lecteurs au très beau début du chapitre 11 de la deuxième partie de Histoire de ma vie, dans lequel elle évoque la mémoire et les souvenirs d’enfance…