Petites boîtes

« Les étagères remplissent parfaitement l’espace de l’auditorium, au point que l’on ne peut que penser qu’elles ont été faites sur mesure; la couleur sombre de leur bois et leurs éraflures sont en accord avec le plancher. Solides et sûres, les boîtes en verre qui ont protégé de précieux documents pendant de nom­breuses années exposent leur contenu tel qu’il est, sans le déformer. De plus, elles ont exactement la bonne taille pour qu’une âme d’enfant grandisse dans l’au-delà. Elles ne sont ni trop étroites ni vastes nu point qu’une âme s’y sentirait seule. »

Conviant le lecteur dans l’ancienne école maternelle où elle vit- tout y est miniature – et l’auditorium où s’entreposent les « petites boîtes » de verre, la célèbre romancière japonaise nous entraîne d’emblée dans un monde parallèle, onirique, un tantinet surréaliste.

Car ces fameuses boîtes sont lieux de recueillement, pour parents orphelins d’enfants, perpétuant un lien vital, singulièrement vivant:

« Ces boîtes en verre qui renfermaient autrefois le passé au musée d’histoire locale sont à présent au service de l’avenir des enfants morts. Ce qu’elles contiennent n’est en aucun cas des souvenirs. Les enfants morts continuent à grandir dans le petit jardin à l’intérieur de la boîte. Ils mettent leurs chaussures pour faire leurs premiers pas, ils apprennent les tables de multiplication, et colorient à leur guise les robes des princesses. »

Le propos est pour le moins original qui nous évoque le fameux téléphone du vent, sis à Ōtsuchi au Japon, lui aussi.

Mais il en est un deuxlième,  premier dans l’ordre de nos priorités épistolaires: celui du métier de déchiffreuse de lettres d’amour qui incombe à la narratrice

Késékesa?

A la demande de Monsieur Baryton – qui ne peut s’exprimer qu’en chantant – la jeune fille doit déchiffrer les lettres d’amour aux caractères de plus en plus enchevêtrés que lui adresse la femme qu’il aime depuis  l’hôpital où elle est soignée

Cela donne des passages d’anthologie…. graphologique.

D’un sublime confondant.

Nous y revenons sous peu

Apolline Elter

Petites boîtes, Yôko Ogawa, roman traduit du japonais par Sophie Refle, Ed. Actes Sud, février 2022, 208 pp

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