« J’ai cherché la vérité derrière celle que je savais, sans jamais oublier l’horreur »
Catherine Girard est la fille d’Henri Girard (1917-1897), as Georges Arnaud, l’auteur du Salaire de la peur (Ed. Julliard, 1949)
Elle est surtout fille d’un triple assassin
En 1941, Henri Girard tue de serpe et sang-froid, tôt matin, son père, Georges, sa tante, Amélie et Marie, la gouvernante. Le drame se déroule au château d’Escoire, en Dordogne et le jeune homme est rapidement suspecté des méfaits.
Clamant son innocence, il échappe à la guillotine, grâce à la plaidoirie du très brillant Maurice Gascon.
Quand, des décennies plus tard, sa fille Catherine lui demande a vérité, il la lui révèle sans se dérober.
Et cette dernière de tenter de comprendre les raisons qui ont poussé ce père bon et aimant à ces gestes de folie, minutieusement prémédités. L’enquête est longue et complexe qui exige de remonter aux racines du mal, à savoir l’enfance de « Riri », à faire appel à la psychologie transgénérationnelle pour éclairer l’inexplicable.
« S’il ne peut pas faire autrement que de le tuer pour se défaire de son emprise, c’est parce qu’il l’aime viscéralement. »
Enfant-roi aux yeux de sa mère, Valentine, Henri as Riri est « cloîtré dans la vie » de celle-ci, emportée jeune par la tuberculose
Pendant les cures de sa mère, il est confié à sa tante Amélie qui se prend d’un véritable amour maternel pour l’enfant. De là à penser que la mort de Valentine la satisfait, voire qu’elle l’a provoquée, il n’y a qu’un pas dans l’esprit du garçonnet.
Avec son père Georges, au tempérament colérique, les relations sont empreintes tant d’amour que de violence.
« Sur la question des sentiments, Georges ne conjugue qu’à l’excessif »
Déroulant avec précision les nombreux événements qui jalonnent la vie de son père, façonnent son caractère, Catherine Girard se convainc que
« Mon père a réglé son problème en l’éradiquant à sa source, comme on gratte un cancer »
Et que
« Par la suite, il est redevenu ce qu’il n’a jamais cessé d’être un homme bon »
Ce triple meurtre serait donc une opération cathartique non dénuée d’amour
Ce qui ne fait pas un pli, c’est celui que lui porte sa fille
Et la belle plume dont le récit s’assortit
La lecture audiolivresque qu’en opère l’auteure est également excellente, avec une mention pour une scène de colère et d’anthologie
Apolline Elter
In violentia veritas, Catherine Girard, récit. Ed. Grasset, août 2025, 352 pp- Ed. Audiolib, octobre 2025 – Texte intégral lu par l’auteure. Durée d’écoute : 8h 25 min.





































































































































































