Franz Kafka ne veut pas mourir

« Nous avons constaté, hier, 3 juin 1924, le décès du patient Franz Kafka, né le 3 juillet 1883 à Prague. »

Si Kafka ne s’est pas donné la mort, à l’instar de Stefan Zweig (1881-1942) autre héros du panthéon seksikien, on la lui a offerte. Cédant à ses supplications –« Tuez-moi sinon vous êtes un assassin » , Robert Klopstock (1899-1972) futur ponte du traitement de la tuberculose, abrège, d’une injection létale de morphine.  l’atroce souffrance de son mentor.

Ce point de départ, si l’on peut dire, est prétexte à une plongée dans la vie et l’oeuvre du célèbre écrivain tchèque, par le prisme de trois personnes qui l’ont côtoyé, trois témoins éclairés.

  • Robert Klopstock, prénommé, qui découvre Kafka à l’occasion d’un séjour en sanatorium, se prend d’admiration, de passion, d’amitié respectueuse
  • Dora Diamant (ou Dyamant 1898-1952), dernière compagne de Franz- elle le rencontre un an avant sa mort – , une comédienne issue d’une famille juive polonaise.
  • et Ottla Kafka (1892-1943) soeur cadette et préférée de l’écrivain, tuée au camp d’Auschwitz tandis qu’elle y encadre, volontaire, un convoi d’enfants

Ce triple prisme autorise une approche intéressante d’un auteur à la fois universel et énigmatique. Il met en perspective sa vie, ses écrits, nuançant certaines interprétations par trop clivantes.

Ainsi la figure du père, Hermann Kafka,  destinataire présumé de la célèbre Lettre au Père – il ne la recevra pas – se voit-elle décrite sous un jour plus indulgent, partant plus réaliste.

« Hermann Kafka n’était pas pire qu’un autre, peut-être un père tout à fait ordinaire que Franz voyait plus cruel que nature, (…) »

Une approche triple et vivifiante d’une figure majeure de Littérature.

Laurent Seksik est médecin. Il rend vie à son héros.

Apolline Elter

Franz Kafka ne veut pas mourir, Laurent Seksik, roman, Ed. Gallimard, janvier 2023,352 pp

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