» Personne n’a jamais su ce que je peux, sur la foi des archives, écrire aujourd’hui. Le roman à succès de Jean Hervé-Bazin, celui à partir duquel il connut le succès et fonda son écrasante notoriété, est une manœuvre destinée à punir sa famille de l’avoir placé sous interdiction judiciaire et ainsi privé de sa part d’héritage. »
Tout est dit.
Si « Folcoche » est devenue, dans l’imaginaire collectif, le parangon de la mauvaise mère, sadique et tortionnaire, c’est à son portrait dans Vipère au poing, le célèbre roman d’Hervé Bazin qu’elle le doit. Un portrait fortement inventé, refaçonné « en caractères d’imprimerie », dont la publication fit violence à Paule Guilloteaux, la mère d’Hervé Bazin.
Né à Angers le 17 avril 1911 au sein d’une famille de notables et fratrie de trois garçons, Ferdinand, Jean et Pierre, Hervé Bazin – de son vrai nom Jean Hervé-Bazin -fut, de fait et de consultations d’archives, un délinquant, dans la première partie de sa vie.
Mythomane, voleur, dissimulateur, « narcisse pathologique », « psychopathe constitutionnel « d’après l’avis de trois médecins en 1935, , le jeune homme effectue plusieurs séjours en prison et hôpitaux psychiatriques au dam de ses parents
Certes tout n’est pas rose du côté de sa mère, autoritaire par maladresse, désarroi plus que par conviction
« Paule ne sait pas aimer ses fils. Celle qui n’a pas connu l’amour maternel devine que leur grand-mère les a câlinés, leur a lu des livres, leur a appris des comptines, elle se sait comparée, et ça la rend mauvaise. »
Et donc
« Dans le roman comme dans la réalité, les garçons mènent la vie dure à leur mère, qui ne sait ni réagir avec justesse, ni calmer leur désarroi. Leur père ne tente aucun geste pour soutenir son épouse ou cadrer ses enfants »
La respectabilité lui viendra -ô paradoxe. – par la reconnaissance de son écriture et du chef d’oeuvre autobiographique que constitue son premier roman Vipère au poing. Sauf que le « précipité de bile « n’est pas autobiographique; il sera considéré comme tel et portera le martyre autoproclamé au pinacle de la Littérature et de la notoriété , par la vente de millions d’exemplaires et la double adaptation au cinéma ( NDLR Souvenez-vous d’Alice Sapritch qui incarnait une Folcoche abominable) Son élection auprès de l’Académie Goncourt assortie d’une très longue présidence, l’accession au grade d’officier de la Légion d’honneur achèvent de lui conférer gloire, immunité, impunité.
Opérant un minutieux travail heuristique et de reconstitution, la journaliste Emiie Lanez démythifie drastiquement l’écrivain. Révèle son imposture, son « matricide littéraire » .
Et rend à chacun des protagonistes leur vérité
C’est faire oeuvre de justice
Apolline Elter
Folcoche, Emilie Lanez, essai, Ed. Grasset, octobre 2025, 188 pp





































































































































































