Le musée des Lettres et Manuscrits à Bruxelles

document.jpgAffirmons-le d’emblée: l’inauguration du Musée des lettres et manuscrits, ce 22 septembre, à Bruxelles,  suscite notre entière adhésion. (Photo: MLMb)

Venu droit de Paris, Gérard LHéritier, Président du Musée des lettres et manuscrits établi au Bd Saint-Germain, portait sur les fonds baptismaux, ce nouveau-né belge, premier d’un projet d’expansion européen. Un « petit frère »  qui aura une dynamique propre et une vocation belge – et bilingue-  affichée.

Investissant l’immeuble des anciens établissements Van Schelde, au coeur des Galeries Royales Saint-Hubert, le musée offre deux étages et quelque 500 m² au bonheur de ses visiteurs: un  rez-de-chaussée,  dévolu aux expositions temporaires – l’exposition inaugurale est consacrée à Georges Simenon* – et un étage dédié aux collections permanentes (néanmoins mobiles) selon une déclinaison thématique littéraire, artistique, historique, musicale et scientifique. Les lettres et manuscrits revêtent la signature de personnages majeurs, tels  Voltaire, Rousseau, Marcel Proust, Colette, Hergé, René Magritte, Napoléon Ier, Mozart, Chopin, Freud, Albert Einstein…) offrant au regard medusé une proximité quasi charnelle avec leur prestigieux scripteur. A l’heure du numérique et du courrier virtuel, nous ne pouvons que saluer la valeur de ce patrimoine et l’empathie graphologique que suscite la découverte des écritures.

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Lettre de René Magritte à la galériste Yvonne Zervos (5 mars 1958) dans laquelle le peintre consigne des instructions pour l’exposition d’un tableau  (© Coll. privée/Musée des lettres et manuscrits, Bruxelles.)

  Nouveauté technologique: des video-guides sont à disposition des visiteurs, qui proposent trois parcours: la collection permanente, l’exposition temporaire et un parcours spécialement conçu pour les enfants. Aux commentaires « audio »  diffusés sous le casque succède la projection  » à la carte »  de séquence filmées, qui rendent la visite particulièrement vivante.

Sobre, lumineuse et engageante, alliant acier, verre et la chaleur du stratifié,  la scénographie invite à la découverte sereine et ..émue de trésors inestimables.

Apolline Elter

* Rendez-vous ce dimanche 25 septembre sur le blog pour un compte rendu de la visite de l’exposition consacrée à l’écrivain d’origine liégeoise.

 Informations pratiques:

Musée des lettres et manuscrits – Galerie du Roi, 3 – 1000 Bruxelles – Tél.: 02.346.52.06

Site web: www.mlmb.be

Horaires d’ouverture:

Du mardi au dimanche, de 10h à 19h

Nocturnes: le samedi, jusqu’à 20h et le jeudi jusque 21h30.

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A lire: le magazine PLUME  – magazine du patrimoine écrit (www.plume-mag.com) consacre un dossier événement à l’ouverture du Musée des lettres et manuscrits belges et à l’exposition consacrée à Georges Simenon. A la clef, un entretien avec son fils John et un portrait de l’écrivain à travers son regard.

Plume: sept.-oct-novembre 2011 (en vente au MLMb ainsi que dans certains kiosques – possibilité d’abonnements)

 

Billet de faveur

 Parrain du musée, Mark Eyskens, Professeur émérite et Ministre d’Etat, nous fait l’honneur d’un billet de faveur:

 

AE: Mark Eyskens, Ministre d’Etat, Docteur en Droit, en Economie, Professeur émérite à la K.U.L, Académicien, peintre, écrivain de langue néerlandaise et française,..-et je ne trace ici qu’une partie de vos activités – vous avez été choisi comme parrain du Musée des Lettres et Manuscrits. Quelle part réservez-vous à l’écriture manuscrite au sein de votre intense activité?
 
Prof.em. Mark Eyskens:« J’écris par ce que j’en ressens le besoin. Le besoin d’informer, d’expliquer, d’argumenter. Et de transcender le temps et l’espace. Les paroles écrites se coagulent et recèlent une  étincelle d’éternité. Dans nos sociétés complexes toutefois il y a manifestement pléthore de démagogues et pénurie de pédagogues.

 Il est émouvant de lire des textes parfois écrits dans un passé lointain et de ressentir la respiration de l’écrivain sourdre d’entre les lignes  L’écriture est l’expression la plus individuelle du moi  à la recherche de l’autre et de son altérité. Le lecteur parachève mentalement chaque phrase de son auteur ou la récrée en lui donnant un autre sens. 
Les historiens de l’histoire universelle considèrent l’invention de l’écriture comme le déclenchement de la civilisation humaine. Mais depuis six mille  ans beaucoup de choses se sont passées. L’imprimerie, développée par Johannes Gutenberg au XVe siècle, donna un formidable impact  à la diffusion des idées et des écrits de l’homme. Les splendides incunables devinrent des objets de collection. Aujourd’hui, grâce aux fabuleuses découvertes de la science et des technologies nous assistons à un bouleversement fondamental en ce qui concerne la communication et l’information interindividuelle. La digitalisation conquiert le monde. Rares sont les lettres encore manuscrites et les auteurs font appel à l’écran de leur ordinateur plutôt que de se confier à la  déconcertante  page blanche. Conserver les écrits devient un devoir de mémoire urgent de notre société à fin qu’elle puisse  porter témoignage et transmettre un message pour l’avenir de notre société. Un manuscrit révèle l’ADN spirituel de l’auteur et un musée qui s’y consacre constitue une espèce de génome intellectuel salutairement tentaculaire, capable d’ériger les générations futures en héritières d’un passé à transmettre comme un flambeau inextinguible. Mohamed n’avait probablement  pas tort quand il dit : « l’encre du savant est aussi précieuse que le sang du martyr ».