En froid avec le chaud-colat

Après les fleurs, le pot, Belle-Marquise a abusé de la divine fève et lui prête désormais bien des défauts…

Il s’agit, chers visiteurs qui découvrez notre feuilleton, de la soudaine aversion pour le chocolat, que manifeste notre chère Marquise de Sévigné, elle qui en avait jusqu’alors vanté haut et fort les vertus.

En froid avec le chaud-colat

« Le chocolat n’est plus avec moi comme il était; la mode m’a entraînée comme elle fait toujours. Tous ceux qui m’en disaient du bien m’en disent du mal. On le maudit; on l’accuse de tous les maux qu’on a. Il est la source des vapeurs et des palpitations; il vous flatte pour un temps, et puis vous allume tout d’un coup une fièvre continue,  qui vous conduit à la mort »

Rien de moins.

La lettre (extraite de La Correspondance, tome 1 de la Pléiade, établie et annotée par Jacqueline et Roger Duchêne)  est datée du 15 avril 1671, soit deux mois après la relation d’enthousiasme (voir épisode de mercredi 25 novembre)

Un mois plus tard:

« Je vous conjure, ma très chère bonne et très belle, de ne point prendre de chocolat. Je suis fâchée contre lui personnellement. Il y a huit jours que j’eux seize heures durant une colique et une suppression qui me fit toutes les douleurs de la néphrétique. Pecquet me dit qu’il y avait beaucoup de bile et d’humeurs en l’état où vous êtes; il vous serait mortel ».

(13 mai 1671 – Idem )

Mais il est pire:

Il paraît que

« La marquise de Coëtlogen prit tant de chocolat étant grosse l’année passée,  qu’elle accoucha d’un petit garçon noir comme le diable, qui mourut » 

(25 octobre 1671 – Idem)

En froid avec le chaud-colat

Que l’industrie chocolatière se rassure, la célèbre citation  » (..) et prendre du chocolat, afin que les plus méchantes compagnies vous paraissent bonnes. »  est datée de janvier 1672… 

Apolline Elter

En froid avec le chaud-colat

Suivez notre feuilleton festif, consacré aux relations gourmandes entre le chocolat et la littérature. Rubrique: Gourmandises

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