« L’existence de mon père a consisté à échapper à la paternité, à se comporter toujours autrement qu’un père. «
S’il a de nombreux griefs à adresser à son père, Jean-Michel, décédé à 85 ans;, le 23 septembre 2023, Frédéric Beigbeder, entend , par ce portrait, faire sa connaissance posthume, reconnaître sa vérité, au plus près de ce qu’il fut vraiment.
En fait un père aimant mais qui n’a pas su / voulu manifester son affection, sa fierté envers ses fils.
Et pour cause, JMB fut lui-même un enfant mal aimé, abimé, incarcéré dans une sorte de pensionnat-bagne, à Sorrèze et huit ans.
Mari volage et divorcé, chasseur de têtes planétaires – il côtoie les CEO des plus grandes entreprises de la Terre – agent secret potentiel à ses heures, « boomer » et surtout énorme jouisseur, Jean-Michel Beigbeder décède d’un cancer des voies biliaires, dans l’isolement discret de son appartement
Personne n’a jamais compris cet homme, surtout pas moi ; et cependant je crois qu’avec ce récit, je viens de percer le mystère de mon père : c’était un Français qui s’est cru américain alors qu’il était anglais.
Une forme de rencontre d’un père dérobé et surtout de reconnaissance tendre, drôle, pudique, ironique voire cynique, aimante, en fait, frappée de sincérité, de confessions, d’autodérision et de ces sentences fortes dont l’écrivain a le secret.
A découvrir sans hésitation.
Un GRAND récit
Apolline Elter
Un homme seul, Frédéric Beigbeder, récit, Ed Grasset, janvier 2025, 216 pp. Ed Audiolib, mars 2025, texte intégral lu par l’auteur, durée d’écoute : 4h 58 min.
Billet de faveur
AE : Ce récit est une reconnaissance posthume. Aborderiez-vous différemment votre père si vous deviez le retrouver ?
Frédéric Beigbeder : Oui je pense que je lui ferais lire mon livre et lui demanderais de ne pas me le jeter à la figure.
AE : Cette sorte d’enquête impacte-t-elle votre propre rôle de père ?
Frédéric Beigbeder : Oui j’essaie de montrer à mes enfants mon amour, sans trop les étouffer. C’est complètement raté.
AE Vous vous êtes prêté – avec brio – à l’exercice complexe de la lecture audiolivreque. Cela vous a-t-il donné un regard neuf sur votre écriture ?
Frédéric Beigbeder : C’est un exercice cruel, on voit les répétitions, les paragraphes en trop… mais le pire c’est quand on se met à chialer en public.