Romain Gary s’en va-t-en guerre

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 »  Son père demeure une intrigue. Le garçon n’arrive pas à le voir comme celui que Nina lui décrit, un être ignoble, un lâche dont les valeurs morales ont été corrompues par la concupiscence et la luxure.
Roman reste persuadé qu’un jour, ayant soudain mesuré la gravité des faits qui lui sont reprochés, l’homme se reprendra, réintégrera le domicile familial pour retrouver la place qui est la sienne. Le fils a foi en son père. Il nourrit l’espoir de revivre à ses côtés les splendeurs du temps d’avant. »

S’il est lié à sa mère, Nina,  par une relation fusionnelle que ses biographes ne manquent  de souligner, Roman Kacev, as Romain Gary ( 1914-1980) as aussi Emile Ajar, … notamment .. n’était pas le fils de cet acteur célèbre qu’il s’est inventé. Arieh, son père, était fourreur – Roman pense, un temps, lui succéder en son métier – mais surtout, il a déserté le foyer conjugal pour refaire sa vie avec une autre femme.

A l’heure où il dit adieu à son propre  père, le romancier Laurent Seksik nous plonge dans le  milieu de années ’20 et ce ghetto de Wilno ( Vilnius en Lituanie) dont Nina tente de s’extraire pour emmener son fils à Paris, ville de tous les espoirs.

Sa mère répétait qu’à Paris on ouvrait sa porte aux étrangers, on partageait le pain et l’eau; on vous disait français à peine aviez-vous entonné La Marseillaise, ou si vous récitiez un seul vers de Victor Hugo – il connaissait par cœur six poèmes des Feuilles d’automne. À Berlin, affirmait Nina, on avait compté un grand ministre juif du nom de Rathenau.
L’homme était mort assassiné. Roman, lui, saurait vendre cher sa peau.

ô mythes, qui nous tenez..

A Elter

Romain Gary s’en va-t-en guerre, Laurent Seksik, roman, Ed. Flammarion, janvier 2017, 230 pp