Rêveries d’un philosophe solitaire (II)

Un blog qui porte nom d’Ermitage* a quelque obligation envers Jean-Jacques Rousseau,  célèbre écrivain, penseur,  précurseur du romantisme,  de la Révolution française  et d’une pédagogie..révolutionnaire pour l’époque.

Né à Genève le 28 juin 1712, le père de La Nouvelle Héloïse (1761) fête ses trois cents étés demain , son fabuleux roman épistolaire, ses 250 + 1 .. printemps.

Cinq jours de liesse célèbrent donc, en votre blog préféré, ces magnifiques événements.

Largement inspiré de la biographie que  lui consacre Raymond Trousson (Professeur émérite de l’Université Libre de Bruxelles, spécialiste du XVIIIe siècle et spécialement des vies et oeuvres de Diderot, Voltaire et Jean-Jacques Rousseau)  l’article de Wikipédia est très bien fait. Je vous invite à le consulter.

Et vous propose, en deux épisodes, le feuilleton, résumé d’une vie bien remplie:

Issu d’une lignée d’horlogers genevois (l’aïeul patriarche, Didier Rousseau a fui la France et ses persécutions religieuses pour s’établir à Genève en 1549), Jean-Jacques perd sa maman, quelques jours après sa naissance, des suites d’une fièvre puerpérale. Il en conçoit une culpabilité qui ne le quitte, sa vie durant. Son père, Isaac ne s’en occupe guère, qui le confie à un oncle. Placé en apprentissage chez un graveur de chambre brutal et tyrannique,  Abel Ducommun,  le jeune Jean-Jacques fuit l’atelier pour entreprendre cette vie d’errance, d’indépendance forcenée et d’instabilité, qui sera son destin.

Recueilli par la baronne Françoise-Louise de Warens,  une Vaudoise, de 13 ans son aînée, Jean-Jacques (16 ans) se convertit au catholicisme  (Turin) et s’initie à la musique, encouragé  par cette « Maman » dont il devient aussi l’amant. Après quelques allers et retour à Chambéry où vit Mme de Warens et deux expériences de « ménage à trois », JJ prend son envol (1740)  et se fait engager comme précepteur à Lyon, avant que de tenter sa chance à Paris.

1742, année de ses trente ans – il propose à l’Académie des Sciences (Paris) de réformer la notation musicale par un système chiffré. Celle-ci le lui refuse sous prétexte que son système n’est ni neuf, ni efficace. JJR le peaufine et le publie à ses frais (1743) sous le titre Dissertation sur la musique moderne.  Si la postérité n’a guère retenu cet aspect de l’oeuvre de Jean-Jacques Rousseau, il n’en demeure pas moins, que la musique était vraie vocation, bien que passablement contrariée . Il aura le grand tort de clamer à l’envi la supériorité de la musique italienne sur la française, alors qu’il ne compose lui-même que de cette dernière (entamant de la sorte la fameuse Querelle des Bouffons) Durant les périodes de vaches maigres, il gagne sa vie, en recopiant des partitions.

Après une année passée à Venise (juillet 1743- octobre 1744) comme secrétaire de l’ambassadeur, Jean-Jacques revient à Paris, s’éprend d’une lingère – Marie-Thérèse Levasseur, qui lui donnera 5 enfants. Le célèbre pédagogue les abandonnera aux « Enfants Trouvés » sous le prétexte de les soustraire à sa belle-famille…Il épouse civilement  Marie-Thérèse en août 1768 (il a 56 ans)

JJ gagne, en ces temps, sa vie de quelques écritures, de prose, poésie ou musique –  refusant au passage la bourse que Louis XV est tout prêt à lui octroyer , après la représentation,  le 18 octobre 1752 , à Fontainebleau, (devant le Roi et la Pompadour) , de l’intermède Le  Devin du Village .. –  se voit confier, en 1749, la rédaction des articles musicaux de l’Encyclopédie  projetée par Diderot,  participe, en 1750 et 1754  à des concours auprès de l’Académie de Dijon, qui lui valent la publication des Discours sur les sciences et les Arts (Premier Discours et … premier prix)  et du célèbre Discours sur l’origin e et les fondements  de l’inégalité parmi les hommes (dit Second Discours), des réactions passionnelles et la notoriété qui s’ensuit..

Il s’écarte doucement des Encyclopédistes (Diderot et compagnie), ses amis, et se met quelque temps au vert.

C’est dans ce cadre qu’il s’installe, en avril 1756, en  l’Ermitage * , une maison pavillonnaire, sise à l’entrée de la forêt de Montmonrency (près de Paris) .. C’est une amie, Mme d’Epinay qui le met à sa disposition. Il y réside avec Marie-Thérèse, sa compagne, et sa belle-mère… 

Doté d’une (trop) grande sensibilité, volontiers soupçonneux, le philosophe se brouille régulièrement avec son entourage: il se voit congédier de l’Ermitage, en décembre 1757.

Rendez-vous demain pour la suite de notre feuilleton.  

 AE