Profession du Père

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 » La mort de Charles de Gaulle avait été planifiée pour le 1er janvier 1963, à 11 heures. Les neuf hommes participant à l’opération seraient consignés chez mes parents dès la veille, avec interdiction de ressortir ou de communiquer avec qui que ce soit.  Chaque membre du commando avait reçu un ordre individuel. »
 
Homme de convictions – bornées- , ex- « bras droit »  de Charles de Gaulle, ceinture noire de judo, footballeur professionnel, pasteur pentecôtiste, paranoïaque et parachutiste, agent secret et surtout…mythomane, le père d’Emile Choulans, le narrateur de 13 ans, est pour le moins, un personnage hors du commun.  Il tyrannise son entourage, restreint,  d’une violence de chaque instant, l’étouffant de ses délires et mises en scène rocambolesques.
 
Trahi par le Général, dont il se proclame l’intime, sur la question algérienne qui pourrit l’atmosphère du début des années soixante, André Choulans en est devenu l’ennemi juré.  Pour lui plaire, pour qu’il soit fier, son fils envisage tout naturellement de trucider le grand homme….
 
La grande force de ce roman – largement inspiré de la propre enfance de l’écrivain – est qu’il parvient à conjuguer le regard porté par un jeune adolescent sur son père, pétri d’admiration, d’effroi et de candeur et celui de l’adulte devenu lucide, « abimé »… A alléger d’humour les séquences cruelles, glauques,  terrifiantes.
 
Un récit de haute facture
 
Apolline Elter
 
Profession du père, Sorj Chalandon, roman, Ed. Grasset, août 2015, 320 p
 
Billet de faveur
 
Profession de la mère...
 
AE: Personnage effacé – forcément – la mère d’Emile Choulans est totalement inféodée à son mari.  Au point de bientôt pratiquer le déni : « Tu étais malheureux quand tu étais enfant » s’étonnera-t-elle?  
 
Votre Maman est-elle toujours en vie? A-t-elle lui le récit? 
 
Sorj Chalandon: Non seulement elle a lu le roman, mais je lui avais envoyé le manuscrit en juin. 
Un pour elle, un autre pour Yves, mon frère, à qui ce livre est dédié. 
Lui, a « beaucoup ri ».  Ce sont ses mots. Le terrible lui revenait en mémoire, dans ce qu’il avait de délirant. Elle a simplement déclaré : « ce livre, je te propose qu’on en parle plus ».
Ensuite seulement, j’ai proposé mon texte à l’éditeur