Place Royale

Place Royale

 

Jacqueline Duchêne a du « Grand siècle » une connaissance pointue. Nous lui devons notamment les biographies passionnantes de Françoise et François de Grignan et le roman historique « La femme de Louis XIV » présentés , sur le blog.

Avec le roman Place royale (JC Lattès, 2003), Jacqueline Duchêne brosse le portrait de Marie de Coulanges qui, par son mariage avec Celse-Benigne de Rabutin-Chantal, sera l’heureuse maman de…Marie, future Marquise de Sévigné.

Heureuse est sans doute terme exagéré. Les Rabutin-Chantal tiennent pour une mésalliance l’union d’un des leurs avec une Coulanges. Les Coulanges sont de fraîche et petite noblesse financière. Des « parvenus », en somme en regard de la noblesse de chevalerie dont se prévaut Celse-Bénigne:

 » En plein jour, le jeune homme ne passerait pas inaperçu. Plus grand que la moyenne, robuste, rompu à l’équitation et à l’exercice des armes, il a fière allure et porte avec panache ses cinq siècles d’Histoire. Il sait qu’il descend d’une ancienne et belle chevalerie , et il en est fier. »

Le fils de Sainte Jeanne de Chantal, – oui, c’est lui, oui c’est elle – n’est du reste pas un sage parti: joueur, dépensier et très enclin à se ruiner, il brave allègrement les interdits pour se battre en duel. Donc, si l’alliance avec Marie lui offre le confort financier attendu, Celse-Bénigne n’hésite pas à donner du fil à retordre à sa belle-famille. Condamné à la peine capitale après une provocante participation à un duel,  il rachètera quelque peu sa conduite en combattant les Anglais débarqués à l’Ile de Ré. Il paiera cet élan de sa vie, laissant ses deux jeunes Marie, veuve et orpheline de concert.

Réfugiée dans la spiritualité d’un bout à l’autre du roman, Jeanne de Chantal entoure les jeunes mariés d’une indifférence indigne. La fondatrice de l’Ordre de la Visitation, « une femme qui a enjambé le corps de son fils de quinze ans pour rejoindre l’évêque François de Sales » , se dévoile au lecteur sous un jour peu amène.

Marie de Coulanges mourra d’une hémorragie peu après son mari, consacrant orpheline sa jolie « Canteline » : à  sept ans, notre future marquise n’a plus ses parents….

«  La Cantaline sera élevée dans sa famille maternelle. (…)

Très riche et très séduisante, Mlle de Rabutin-Chantal épousera le marquis de Sévigné, un noble breton désargenté, coureur et joueur, qui se fera tuer en duel pour les beaux yeux d’une certaine « Lolo ».

Veuve à vingt-cinq ans, elle le demeurera.

Elle écrira les plus belles des lettres d’amour.

A sa fille. »

 

Place royale, Jacqueline Duchêne, roman, Jc Lattès, mars 2003, 222 pp