Petit traité de l’abandon

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« Et ce refrain dit « Le Bouddha n’est pas le Bouddha, c’est pourquoi je l’appelle le Bouddha. » Tout ce qu’on croit savoir sur la réalité, ce ne sont que des étiquettes qui la figent. Il s’agit de laisser aller la vie, de danser avec elle sans vouloir l’immobiliser. Alexandre n’est pas Alexandre, c’est pourquoi je l’appelle Alexandre. L’Alexandre qui a commencé ce livre n’est plus le même que celui qui le termine. »

Tout est dit.

Alexandre Jollien, nous l’avions rencontré, en juillet dernier,  à Grignan (Festival de la correspondance 2012: http://editionsdelermitage.skynetblogs.be/archive/2012/07/17/en-guise-de-bilan.html),avions hâte de découvrir ce Petit traité de l’abandon dont il nous annonçait la parution.

Faisant sien, le mantra énoncé plus haut, le philosophe suisse se fait apôtre de l’abandon, à savoir,  la non-fixation, la confiance redevenue pure en la vie, un certain lâcher-prise qui n’a rien à voir, entendez-le,  avec la résignation.

 « Or l’abandon, ce n’est pas du tout la résignation, mais plutôt l’action d’action en action. (…) Je crois que  la détermination, c’est conjuguer l’abandon et une infinie confiance en la vie. »

Refusant de figer ses proches, ses pensées, ses actions et lui-même dans des étiquettes aussitôt réductrices, Alexandre Jollien propose tout simplement – encore faut-il y arriver – de vivre le présent, intensément, sans le plomber de pensées parasites.

Héritière de la philosophie bouddhiste et d’une pratique sensée du zen, cette attitude aide l’écrivain dans sa vie quotidienne et lui permet, tant bien que mal, de surmonter les soucis d’un handicap moteur congénital, d’une réalité corporelle difficile à vivre.

« Ce n’est pas compliqué »

Bienveillance, rire,  joie immédiate, désir adéquat,  dépouillement,  rencontre de l’autre, foi, prière, patience, gratitude, gratuité, regard sans cesse renouvelé…sont thèmes et  têtes de chapitres courts, écrits de façon vivante, non dénués d’humour qui se proposent d’agir sur nous en une  ascèse, véritable « pharmacopée » de maximes et mantras. 

Un abandon  tonique et qui fait du bien.

AE

Petit traité de l’abandon. Pensées pour accueillir la vie telle qu’elle se propose, Alexandre Jollien, essai, Le Seuil, oct.2012, 125 pp, 14,5 €