Mon autopsie

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Il est vrai que Jean-Louis Fournier n’avait jamais publié d’autobiographie. Du moins à ma connaissance.

Certes, dans ses précédentes publications,  il avait évoqué chacun des membres de sa famille,  ses fils, sa fille, sa femme, sa mère ( Où on va Papa?  La servante du Seigneur, Veuf, Ma mère du Nord)

Il était temps, pour lui,  de passer à table; il choisit celle de l’autopsie.

Plus tard, dans mes livres, j’ai essayé de rire de tout.

De la grammaire, de l’alcoolisme de mon père, de l’hypocondrie de ma mère, de mes enfants handicapés, de ma vieillesse et j’ai voulu rire de ma mort. »

En bon pudico-humoristico-cynico personnage, il ne peut s’imaginer qu’à ‘imparfait – tout un programme – à savoir mort et livré au scalpel de la jolie et désirable Egoïne, étudiante en médecine. 

Le travail opéré sur chacun de ses membres, rendus marron par l’immersion dans un bain de formol, sera prétexte à une série de chapitres thématiques, courts, vifs et sautillants, peuplés de souvenirs et réflexions touchantes, saugrenues, véritable  dialogue de sourds entre les mondes des vivants et des morts, incarnés par chacun des protagonistes

 Un roman incisif – on pouvait s’y attendre, à l’humour aussi chirurgical – pardonnez la piètre métaphore – que dérangeant.Car oui, il est dérangeant d’aborder le thème de sa propre mort, de livrer au lecteur, les confessions et trésors d’une vie, d’un corps,.. en pièces détachées. 

Un  humour cynique – à la Pierre Desproges, son ami, qui est pour le (bientôt) octogénaire un « dérapage contrôlé‘.  Un humour épicé d’un sens de la formule, des métaphores, toujours aussi décapant

 Un humour qui vire parfois à la Philippe Geluck. Celui d’un autopsié qui s’« ennuie mortellement »

Somme toute, ce sont là tous des compliments

A Elter

 Mon autopsie, Jean-Louis Fournier, roman, Ed. Stock, août 2017, 196 pp