Quelle ample idée que de confronter, l’espace d’un entretien rondement mené par Catherine Lalanne, deux personnalités aussi riches et néanmoins généreuses que celles de Nathan Devers et Albert Algoud.
La rencontre avait lieu vendredi 4 juillet au coeur – palpitant – du Festival de la correspondance se Grignan, intitulée « Athées, ô grâce à Dieu », titre inspiré de la chanson éponyme de Marcel Mouloudji (Autoportrait)
Humoriste, scénariste, tintinophile, professeur à ses heures, … notamment, Albert Algoud est né en 1950 au sein d’une famille catholique royaliste, formatée par l’Action française. Un virage radical à gauche dans la mouvance soixante-huitarde lui démontre bientôt la duperie de la pensée extrême, lecture de Simon Leys à la clef(Les habits neufs du Président Mao, 1971) et l’absolue nécessité d’apprendre à penser par soi-même.
De son côté;, Nathan Devers – 28 ans en décembre prochain – naît dans une famille juive d’Auteuil, dont la pratique religieuse se modère de la célébration du Kippour; l’enfant ne se contente de pareille tiédeur et fréquente la synagogue dès son plus jeune âge – adorable mascotte de l’assemblée – avec l’ambition de devenir rabbin. Une nuit de feu inversée aura soudain raison de sa vocation, comme il la décrit dans son essai magistral , Penser contre soi-même (Ed. Albin Michel, 2024 – chroniqué sur votre site préféré). Et l’agrégé de philosophie de faire table radicalement rase de ses croyances et d’un intégrisme perçu comme un pernicieux virus. Ce n’est pas une option de confort.
Confrontés sur des points précis de leurs cheminements respectifs – éducation, religion, doutes, ôles de l’écriture, de la lecture, sens de la vie – les interlocuteurs firent montre d’une impressionnante capacité d’écoute, d’ouverture, construisant, sous la houlette chaleureuse de Catherine Lalanne, les bases consensuelles d’une réflexion existentielle, avec pour point de mire la rédemption qu’apportent tant la lecture que l’écriture.
Et Nathan Devers d’affirmer » L’écriture est un art de se transformation de soi-même »
NDLR affirmation qui sera, du reste corroborée par David Foenkinos lors de la formidable rencontre orchestrée le lendemain, par Catherine Lalanne, intégration faite des vibrations du passé.
Une rencontre d’exception – je mesure mes mots – et la perspective de retrouver Nathan Devers, pour la rentrée littéraire d’août et la parution de son roman « Surchauffe » (Ed. Albin Michel), qui se profile ardent
Apolline Elter