Un roman épistolaire
Voici qui a l’heur de nous plaire.
Hommage à une grande dame de l’Histoire, à savoir Marie-Thérèse de France (1778-1851), fille aînée de Louis XVI et de Marie-Antoinette, le roman se focalise sur la captivité de cette dernière en la tristement célèbre prison du Temple, où la jeune fille est incarcérée du 13 août 1792 au 19 décembre 1795.
Séparée de sa mère – dont elle apprendra très tardivement le décès – la jeune fille vit avec sa tante de 29 ans, Madame Elisabeth, soeur de Louis XVI jusqu’à ce que celle-ci soit à son tour exterminée et que les conditions de détention se dégradent à l’extrême.
Privée de ses parents, Marie-Thérèse est surnommée l’Orpheline du Temple »; son jeune frère et dauphin, séquestrée dans des conditions indignes, décède, en détention des suites de la tuberculose,
Pour nous faire vivre son calvaire, son enfer, les yeux d’un jeune gardien de prison, un certain Joseph Herbelin dont la fibre de fervent révolutionnaire va s’étioler au long de l’atroce incarcération. Il écrit à sa tante, Céleste une série de lettres, quelques jours après avoir échappé lui-même au confinement que lui impose sa mission
» A présent, je peine à reconnaître le jeune homme que je décris ici. Cet orphelin impétueux, révolté contre J’oncle qui l’éleva, reniant l’Église ainsi que le roi. ,Ce garçon qui pénétra fièrement dans la prison du Temple le 17 février 1794, il y a près de deux ans pour n’en jamais ressortir. Ce lieu nous a séparés. li a brisé le soldat de dix-huit ans et fait de moi le seul survivant. Tous ceux que le Temple n’a pas conduits à l’échafaud ont disparu entre ses murs. Certains lieux maudits vous ôtent à vous-même … Si je signe aujourd’hui ces lettres de mon nom, je ne suis plus certain de l’homme que je suis. Je peux seulement vous assurer que le Joseph Herbelin que vous et moi connûmes jadis n’est plus de ce monde … »
Mêlant des faits historiques avérés à une trame fictionnelle bien ficelée, la romancière nous offre une incursion subtile dans le destin fracassé et pourtant riche en rebondissements d’une femme assez exemplaire, unique survivante de la famille royale, décédée en exil à l’âge de 72 ans.
Une lecture recommandée
Apolline Elter
L’Orpheline du Temple, Victoria Mas, roman, Ed. Albin Michel mars 2025, 190 pp
