L’écrivain national

 L'écrivain national

Invité en résidence d’écrivain à Donzières, une bourgade bourguignonne, le narrateur se promet de savourer  en toute  – et bienvenue – quiétude la bienveillance de Marie et Michel, le couple de libraires, initiateurs de l’invitation,  de leur stagiare, Nadège, de Madame Meunier, l’hôtelière du Grand Monarque… se prêtant avec obligeance aux cocktails, rencontres et ateliers d’écriture programmés à son agenda.

 La réalité le saisit – on pouvait s’y attendre – d’une toute autre ambition : fasciné par la mystérieuse disparition d’un vieil autochtone et la beauté fatale de Dora, compagne du présumé coupable d’homicide , l’écrivain multiplie les mauvaises initiatives, les  faux pas,  semant autour de lui une méfiante croissante.

 » J’avais devant moi ce petit public bien campé sur ses chaises fragiles, un doux tribunal tout prêt à m’acquitter, à condition toutefois que je ne bluffe ni ne mente, ils avaient fait la démarche de ressortir de chez eux un soir de pluie et de match, quand même, tout ça pour voir parler un auteur même pas connu, national certes mais pas connu, des bienveillants suffisamment courtois et magnanimes pour me faire la grâce de supposer que j’avais quelque chose à dire. Je me redressai sur ma chaise. »

Sorte de polar nimbé de mystère et d’une réflexion nourrie , tantôt amusante, tantôt désabusée, sur le métier d’écrivain et les nombreuses obligations auxquelles il doit se prêter, le roman de Serge Joncour offre un vrai agrément de lecture.

Je vous le recommande.

Apolline Elter

L’écrivain national, Serge Joncour, roman, éd. Flammarion, août 2014, 390 pp