Le vertige des falaises

couv_gilles_paris_definitive_avec_bande.15.jpg

 

« Mon nom est Mamie de Mortemer. J’ai quatorze ans. Mon  pays n’a rien à voir avec celui des Merveilles. Sur un globe terrestre, il n’apparaît pas. Même pas une tête d’épingle ! C’est dire si on est insignifiants. Et pourtant mon île me ressemble et je ne m’en irai jamais. Nous sommes aussi  imprévisibles l’une que l’autre. Nos maisons ont été construites par grand-père Aristide au-dessus des falaises. Prudence et sa fille Jane se sont installées dans la plus petite, une maison sans étage, avec une porte d’entrée identique à la nôtre, à l’opposé des falaises pour éviter que le vent d’hiver ne les fasse voler en éclats. La mienne s’élève sur deux étages et mène au grenier avec de vieux meubles et des malles remplies de déguisements. »

Rousse, rebelle et bientôt orpheline, Marnie est l’héroïne de ce roman choral à forte densité dramatique,  féminine, si ce n’est matriarcale. Des falaises de son île et d’une adolescence sauvage, elle observe la vie, en huis clos, de son entourage tandis que Rose, sa Maman, se meurt d’un cancer du pancréas.

«  Les hommes sont des enfants qui grandissent malgré eux. Et Dieu sait combien leur bêtise est sans limites. Certes, ils ne cassent plus de jouets. Ils brisent le coeur des femmes » assène Olivia de Mortemer, dont le journal intime révèle le drame d’une femme battue.

L’acier de la maison de verre- la bien nommée « Glass »-  bâtie par Aristide de Mortemer, recèle bien des drames, des secrets enfouis sous la dignité imparable d’une transparence en trompe l’oeil. Et Marnie, telle Anne Franck et son amie Kitty,  de concevoir une confidente, complice et témoin  d’un monde adulte par trop cruel.

 » Je ne sais pas sourire. On ne m’a pas appris. »

Tel est le drame d’une adolescence fracassée au gouffre abyssal d’un monde adulte par trop cadenassé.

Un roman…vertigineux

Apolline Elter

Le vertige des falaises, Gilles Paris, roman, Ed. Plmon, avril 2017, 248 pp