Le gardien de l’inoubliable

Mal traité par son père, le jeune Breton brestois Tristan Karadec se réfugie dans le rêve, la compagnie d’amis réels et imaginaires. Marc, Jacob, Monsieur Kurosawa.

On le dit  menteur, affabulateur.

« Enfant, mes parents me disaient toqué, mais je suis certain que si je ne l’avais pas été, ils m’auraient rendu fou. Pour de vrai. »

La narration prend alors le tour d’un roman d’apprentissage.

Epaulé par le précieux Marc-Antoine Donnadieu, devenu psychiatre ‘pour ne pas mourir de [son] enfance » et son frère aîné, Gaëtan, Tristan prend son envol pour Paris afin d’y entreprendre des études d’histoire de l’art et assouvir sa passion pour l’oeuvre d’un certain Charles- Felix Lorme, ses Orphée, Narcisse et Minotaure de bronze.

« J’avais vingt ans, les barrages de mon ambition antérieure s’écroulaient, mes exploits futurs de découvreur de reliques extraordinaires se déversaient en cataractes sous mes yeux, je passais un temps fou à dessiner dans mon Cahier de pensées des signes et symboles bâtir la science de l’archéologue inspiré que je deviendrais. « 

Il trouve asile auprès Simone, sa grand-mère maternelle, une « architecte de nuages » dotée d’un tempérament fort et… fort attachant, et obtient un stage auprès de François Courtin, galériste attitré des oeuvres de Lorme, 

Les événements, surprises et énigmes s’enchaînent de façon tonique, idoine qui posent de nombreuses questions: celles du mensonge, de l’imposture mais aussi de la bienfaisance née de la confiance, de l’indulgence.

Les chapitres courts, alertes sont soutenus de renvois aux mythes d’Orphée, de Narcisse, d’extraits d’Ovide et d’une écriture élégante, précise, ciselée qui portent le texte au rang des … tout bons romans.

Evasion garantie

Apolline Elter

Le gardien de l’inoubliable, Marie-Laure de Cazotte, roman, Ed. Albin Michel, mai 2023, 280 pp

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