Ingrid et moi. Une liberté douce-amère

Ingrid et moi. Une liberté douce-amère

« Tu me croiras si tu veux, mais ce livre, je l’ai d’abord écrit pour moi. Pour me rappeler ce que j’ai vécu avec toi pendant treize ans. Que nous nous sommes aimés, vraiment. Que nous nous sommes mariés. Que nous avons formé une famille. Que j’ai aimé tes enfants. Que nous avions des rêves. Que nous nous sommes battus pour une même cause politique. Que tu as risqué ta vie et perdu six ans pour cette cause. Et que je ne suis pas resté six ans à t’attendre sans rien faire. »

Ingrate Betancourt?

La parution du livre de Juan Carlos Lecompte met à mal le mythe de l’ex-otage des FARC. Il pose surtout la question de l’étrange et ingrate attitude d’Ingrid Betancourt à l’égard de celui qui fut son deuxième mari et qui se dépensa sans compter – abandonnant toute occupation professionnelle – pendant les six années de sa captivité.

Traçant les circonstances de l’enlèvement de la célèbre otage colombienne, des actions entreprises durant les années de captivité jusqu’à celle, controversée, de sa libération, Juan Carlos Lecompte décrit aussi  les relations au sein de la famille:  s’il a grande estime pour Fabrice Delloye, premier mari d’Ingrid et leurs enfants, Mélanie et Lorenzo, il n’en va pas de même pour Yolanda, sa belle-mère, à qui il impute, la distance prise par sa fille.

Un livre écrit à la fois pour consigner le deuil d’un amour, mais aussi ses plus belles pages et inviter Ingrid à ce dialogue attendu depuis le jour de sa libération. 

Un dialogue libératoire lui aussi?

Pris entre le feu de l’émotion inspirée par Juan Carlos Lecompte et de la sympathie vouée à Ingrid Betancourt, le lecteur se prend à souhaiter ce droit de réponse sollicité.Il réalise,en tout cas, qu’une captivité de si longue haleine laisse des traces bien amères.

« Je n’écris pas ce livre pour te faire du mal, mais pour me faire du bien. Pour clôturer un chapitre de ma vie. Même si je sais que je ne t’aime plus, je veux me souvenir pourquoi je t’ai aimée. Sans cela, mon long et douloureux combat n’aurait eu aucun sens. Et si de ton côté, tu as cessé de m’aimer aussi, ce n’est pas grave. Cela arrive. Seulement, j’aimerais que tu te rappelles que ton ex-mari s’est mobilisé pour toi de tout son corps et de tout son coeur.

Tu vois, Ingrid, ce n’est qu’un livre d’amour, finalement. D’amour-propre et d’amour tout court » Paris et Bogota, novembre 2009.

Puisse ce paragraphe n’être que fin provisoire.

Apolline Elter

Ingrid et moi. Une liberté douce-amère. Juan Carlos Lecompte, éditions Alphée – Jean Paul Bertrand, janvier 2010, 210 pp, 21,90 €

2 commentaires sur “Ingrid et moi. Une liberté douce-amère

  • Un petit Belge 23 février 2010 at 16 h 51 min

    J’ai lu plusieurs interviews lors de la sortie de ce livre, et j’ai trouvé l’attitude d’Ingrid assez lâche. Je comprends que ses sentiments aient pu changer durant sa détention, mais elle aurait dû avoir une discussion franche à ce sujet avec son ex-époux qui s’est bougé pour elle. J’ai aussi le sentiment (mais je peux me tromper) que la photo qu’on voit en couverture du livre était surtout pour faire bien devant les caméras…

  • Apolline Elter 23 février 2010 at 17 h 01 min

    Je suis, je vous l’avoue, perturbée par les déclarations contenues dans le livre et espère instamment qu’Ingrid Betancourt apportera des éléments de réponse et qu’elle renouera le dialogue avec son ex-époux.

    Très cordialement,

    Apolline E.

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