Destins brisés

destins-brisés.jpg«  Chez lui la passion l’emportera toujours sur la raison. Un matin, après une nuit blanche passée à cogiter, il se lève avec la solution. Il va demander à Luis Frosio, le patron de l’orchestre de doubler son cachet. […] Imaginez qu’il ait dit oui. Peut-être n’aurions-nous jamais entendu parler de Claude François« 

Passionné de rock et de chanson française – La Story – Nostalgie, c’est lui – Brice Depasse nous invite à traverser le destin subitement éteint de 50 stars de la musique entrées dans la légende …bien trop tôt.

Avec le ton alerte, vif, précis et singulièrement présent qu’il imprime à ses récits, le chroniqueur [créateur et hôte de ce blog ] trace les portraits, envols et disparitions tragiques  – parfois suspectes – de géants tels Jimi Hendrix, Janis Joplin, Joe Dassin, Claude François, Alain Bashung, Serge Gainsbourg, Bob Marley, Daniel Balavoine, Michael Jackson, Pierre Rapsat, Freddie Mercury …et tant – hélas – d’autres.

Il procède pour ce faire à un découpage thématique, ralliant les stars selon leur appartenance au « club des 27 », qui recense quelque 45 victimes mortes à 27 ans,  à celui des géants, des stars, des maudits et au   rock’n’roll. Un découpage rythmé de chapitres courts qui permet tant la lecture intégrale séquentielle que l’aimable grignotage de chapitres ciblés.

Une lecture sidérante.. étayée d’une discographie et filmographie égoïstement indispensables et d’un gracieux lien qui invite à l’écoute des morceaux évoqués: www.nostalgie.be/destins

AE

Destins brisés. 50 stars de la musique entrés dans la légende. Brice Depasse, Ed.  Nostalgie / Renaissance du Livre, octobre 2012, 270 pp

Billet de faveur

AE: Brice , quand on découvre l’imposante bibliographie,  la filmographie et la discographie,  qui soutiennent le propos, on réalise que vous avez consacré beaucoup de temps à la rédaction de cet essai. Depuis quand l’ouvrage est-il en chantier?

Brice Depasse: Sans mentir, il a été écrit en six semaines au cours de l’été dernier . Mais j’en conviens, il y avait derrière dix ans de lectures et d’écritures de séquences La Story pour Nostalgie et presque quarante de fan de musique pop.

AE: Certaines émotions sont encore vives et palpables. Celle qui vous saisit  notamment à quinze jours de la mort d’Alain Bashung:  » On a l’impression que le public tente de retenir un Bashung qui se tient comme un mort en sursis. Tous autant que nous sommes, nous ne voulons pas le perdre.« . Certaines « brisures » vous semblent-elles particulièrement inacceptables ?  

Brice Depasse: Personnellement, en tant que fan, j’ai mal vécu celle de John Lennon, Elvis Presley et Bob Marley. J’avais entre quinze et dix-huit ans et je prenais pleinement la mesure qu’il n’y aurait plus jamais de nouvel album de chacun d’eux. Pire : les Beatles ne se reformeraient jamais et on ne verrait jamais Elvis en Europe. Plus tard, je me suis rendu compte que nous avions aussi perdu une énorme influence sur la production musicale des années 80 avec la disparition de Marley et Lennon.

AE: Avez-vous opéré une sélection drastique pour réduire … à 50 le nombre des destins brisés?

Brice Depasse: Non, leur point commun est d’être mort au faîte de leur gloire et de leur créativité. Le manuscrit prenait de telles proportions que nous avons décidés de le couper en deux. Il y aura donc une suite avec des gens comme Michel Berger, Jeff Buckley, Jacques Brel, 2Pac, Mike Brant, Ian Curtis, etc.

AE (facult) : Un autre ouvrage en chantier ?

Brice Depasse : Le précité et un troisième dont je ne peux dire mot pour ne pas inspirer une éventuelle concurrence.

AE: Avez-vous l’impression, a posteriori, que certains décès ont nourri la gloire de la star davantage que sa vie?

Brice Depasse:  La mort n’a apporté la gloire à aucun d’entre eux. Mais il est étonnant de constater que Marilyn Monroe a vendu des millions de disques car des producteurs ont compilé tous ses enregistrements. Elle est ainsi devenue une star de la chanson grâce à sa mort prématurée et au poids qu’elle pesait sur le monde du showbizness en termes de vente.

Autre étonnement : la survie dans lé mémoires d’artistes qui ont peu produit comme Ritchie Valens, Buddy Holly.