Dérive

Dérive

« Blaise s’arrête sur le bas-côté et reste assis dans sa voiture. Ses jambes tremblent. Il coince ses genoux contre le volant, il a peur qu’ils se disloquent. Il est foutu. Sa vie entière est foutue. Il aperçoit son avenir comme un énorme gouffre, sans sa femme, sans ses enfants. Il va aller en prison pour meurtre. Meurtre et enlèvement d’enfant. Il doit disparaître, s’éloigner de l’agitation, du bruit,des lumières et des hommes. »

Il est de ces maîtrises d’écriture dont la force entraîne le lecteur dans l’exacte intention du propos: une dérive.

Dérive  de Blaise, mari invisible, père approximatif, être velléitaire, rongé de doutes et de plans fatalement foireux. Dérive d’un couple – Mireille et lui – qui vit en parallèle, privé de communication, comme ces chapitres qui ponctuent le roman, alternant le point de vue du narrateur, de la première à la troisième personne.

Alors que sa vie est sur le point de changer avec la perspective d’un nouveau job, Blaise va être témoin d’un accident et s’enliser dans un scénario infernal.

Dotée d’un sens aigü de la description, Isabelle Garna explore toutes les palettes de la grisaille et de la médiocrité. Une acuité psychologique qu’elle traduit également en registres variés, traquant l’intimité de ses protagonistes avec la plus parfaite crudité.

Apolline Elter

Dérive, Isabelle Garna, Luc Pire – Le Grand Miroir, février 2010, 296 pp, 18 €.

  

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Isabelle Garna  dédicacera son ouvrage, ce jeudi 4 mars, de 20 à 21h, auprès des Editions Luc Pire (stand 216)