Marguerite Yourcenar – Croquis et Griffonnis

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 Marguerite Yourcenar annotait volontiers ses écrits – de quelque nature qu’ils fussent –  d’observations diverses, de dessins..  Ce qu’on appelle ses marginalia. 

 

 Une base de comparaison avec les dessins de Marcel Proust, ceux de Jean Cocteau et, dans le chef des cours que nous dispensons,  ceux que les artistes Félicien Rops et René Magritte introduisaient dans leur courrier.

Spécialiste de la littérature anglo-saxonne (Brontë, Wilkie Collins, …) –  elle enseigne à Harvard – l’Américaine Sue Lonoff de Cuevas s’est penché sur ces « griffonnis » , non pour leur qualité artistique – soulignons qu’il y en a de très beaux  – mais pour les valeurs symboliques qu’ils véhiculent et les précieux (r)enseignements littéraires et biographiques de ce « journal graphique » 

 »  Pourquoi (…) leur accorder cette importance? Parce qu’ils peuvent éclairer ses centres d’intérêt, élargir le champ de ce que nous savons de ses préoccupations, apporter des clés sur ses méthodes de travail, ses premiers jets et leurs corrections,  et même inciter des lecteurs à reconsidérer leurs  hypothèses à propos de son œuvre. Au-delà des implications sur son écriture, ces dessins offrent une base de comparaison. »

Si l’on peut évoquer pour ces derniers le concept de Mail-Art, d’art épistolaire, ce n’est pas le cas pour Marguerite Yourcenar : ses illustrations visent davantage ses manuscrits, tapuscrits, dédicaces .. que son courrier proprement dit.

N’empêche, c’était chez elle une vraie manie que de tout annoter 

A travers ses dessins, l’ordonnance esthétique, calligraphique, ….et même créative –  songeons à cet abat-jour décoré de textes –  de ses productions graphiques, c’est l’inconscient de Marguerite Yourcenar que nous pénétrons. Au-delà du simple enseignement sur sa méthode de travail, nous est offerte une fenêtre sur son âme. Il serait dommage de s’en priver , d’autant que l’écrivain en jaillit plus humaine, moins académique.

Nous nous pencherons – la découverte de l’essai nous y invite – sur l’évolution graphologique de son écriture.  L’étude procédera de la même logique

 

Apolline Elter 

Marguerite Yourcenar – Croquis et griffonnis, Sue Lonoff de Cuevas, essai traduit de l’américain par Florence Gumpel, Ed. Le Promeneur, novembre 2008,  192 pp