Belle-Marquise (9/9)

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De notre envoyée spéciale à Grignan 

 

 

 

Neuvième et dernier épisode de notre saga: Les relations épistolaires – à sens unique…-  entre la marquise et son gendre vont provisoirement prendre fin: elle doit se résoudre à voir partir la comtesse de Grignan en Provence. L’ambiance n’y est plus (si elle eût jamais été…); pour diminuer le chagrin de sa Maman, Françoise lui confiera la garde de Marie-Blanche, nourrisson de 3 mois…

Le départ est néanmoins ajourné:

« Hélas! je l’ai encore, cette pauvre enfant et, quoi qu’elle ait pu faire, il n’a pas été en son pouvoir de partir le 10 de ce mois, comme elle en avait le dessein. Les pluies ont été et sont encore si excessives qu’il y aurait eu de la folie à se hasarder. Toutes les rivières sont débordées, tous les grands chemins sont noyés, toutes les ornières cachées; on peut fort bien verser dans tous les gués. »

Et la Marquise d’étayer la description apocalytpique  de détails époustoufflants.

 » Je vous avoue que l’excès d’un si mauvais temps a fait que je me suis opposée à son départ pendant quelques jours« 

Bien sûr…

 » Je ne prétends point qu’elle évite le froid, ni les boues, ni les fatigues du voyage; mais je ne veux pas qu’elle soit noyée. »

Irrésistible manipulatrice.

Et d’admettre, forcée, contrainte :

 » Cependant je vois ma fille dans une telle impatience de partir que ce n’est pas vivre que le temps qu’elle passe ici présentement. »

Cela devient franchement intenable.

« Je veux vous dire de plus que je ne sens point le plaisir de l’avoir présentement. Je sais qu’il faut qu’elle parte. »

Cet aveu est un des passages les plus pathétiques de la Correspondance de la Marquise de Sévigné. Il la voit baisser – provisoirement – les armes d’un sentiment maternel tellement étouffant.

 » Je vous suis très obligée, mon cher Comte, de toutes vos amitiés pour moi, et de toute la pitié que je vous fais. Vous pouvez mieux que nul autre comprendre ce que je souffre, et ce que je souffrirai. Je suis fâchée pourtant que la joie que vous aurez de la voir puisse être troublée par cette pensée. Voilà les changements et les chagrins dont la vie est mêlée. Adieu, mon très cher Comte, je vous tue par la longueur de mes lettres; j’espère que vous verrez le fonds qui me les fait écrire »

FIN ( provisoire)

* Madame de Sévigné – Correspondance. Texte établi, présenté et annoté par Roger Duchêne, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, Tome I, mars 1646-juillet 1675.

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 Quatrième volet des spectacles pointés dans le programme du 14e Festival de la correspondance de Grignan

 

Grillon nov. 2008 067

 

Rendez-vous à ne pas manquer dans la cour du Tricastin:

10H00

 

Prix Sévigné 2008
ARTHUR RIMBAUD : PORTRAIT D’APRÈS SA CORRESPONDANCE

Avec Jean-Jacques LEFRERE « Arthur Rimbaud, correspondance », Fayard, 2007

Jean-Jacques LEFRÈRE est médecin et professeur d’hématologie à la faculté de médecine. Parallèlement à ses activités professionnelles, il codirige la revue « Histoires littéraires », et a publié des biographies de Lautréamont, Jules Laforgue et Arthur Rimbaud. Il a reçu en 2008 le Prix Sévigné pour son édition de la correspondance générale de Rimbaud.

 

 
12H15

Cour du Tricastin

Avec le soutien de la Fondation La Poste

Belle-Marquise (9/9)

 
14H30

LETTRE D’AMOUR

Avec Bernard GIRAUDEAU «Cher amour  » Métailié, 2009

Bernard GIRAUDEAU reçoit le Premier Prix de Comédie Classique et Moderne au Conservatoire National de Paris, il joue à la fois pour le théâtre et pour le cinéma avec, entre autres «Ridicule » (1995), « Les Caprices d’un fleuve » (1995) qu’il réalise, « Gouttes d’eau sur pierres brûlantes » (1999) ou encore « Une affaire de goût » (1999) pour lequel il est nominé comme meilleur comédien aux Césars 2001. Il réalise plusieurs
documentaires dont « La Transamazonienne » (1999), « Chili Norte-Chili Norte II » (1999), « Un ami chilien » (1999). Il publie en 2001 son premier livre «  Le Marin à l’ancre », Editions Métailié et en 2002 « Contes d’Humahuaca»,  Métailié/Seuil, accompagné d’un CD (label Naïve) écrit, interprété et chanté par Bernard Giraudeau sous la direction musicale d’Osvaldo Torres. Il a publié quatre livres aux éditions Métailié.

 

 

Et pour conclure cette riche journée:

Lecture- Spectacle
Collégiale

Avec le soutien de Areva

 
22H00

MUSSET, L’ORPHELIN DE VENISE

Adaptation libre de Jean-Pierre GUÉNO
Mise en lecture Benoît LAVIGNE
Avec Romane BOHRINGER et Xavier GALLAIS
Ophélie HUMBERTCLAUDE, violoncelle

Il a 23 ans. Elle en a 29. Alfred de Musset et George Sand passent 3 mois à Venise à partir du 31 décembre 1833. Les deux amants fuient les journalistes en quête de scandale, mais leur voyage de noces va tourner au cauchemar. Musset le maudit, Musset le torturé, Musset le débauché sombre dans la démence et Venise la Rouge devient le berceau de leur désamour. George Sand lui sauve la vie, avant de tomber dans les bras du Docteur Pietro Pagello pour ne pas céder à la tentation du suicide. Musset quitte Venise mais les deux amants désunis continuent à s’écrire. L’amour qu’ils n’ont pu vivre ensemble, Sand et Musset le prolongent dans les écrits et les correspondances qu’ils envoyaient à leurs amis pour commenter leur liaison. Nous sommes souvent comme Musset des orphelins de Venise, orphelins d’une histoire d’amour qui s’annonçait parfaite et que nous avons gâchée en fuyant le bonheur qui semblait pourtant si proche.

« Musset, l’orphelin de Venise » de Jean- Pierre Guéno est édité dans la collection Scènes Intempestives à Grignan chez TriArtis, 2009

 

Apolline Elter

www.grignan-festivalcorrespondance.com

Tél: 0033.4.75.46.55.83

Prix Sévigné 2008
ARTHUR RIMBAUD, LE CŒUR SUPPLICIÉ

Adaptation libre de Gérald STEHR
Avec Bruno WOLKOWITCH

Extraordinaire destin que celui d’Arthur Rimbaud. Dès le plus jeune âge, il s’illustre par ses succès scolaires. Son professeur pressent pourtant déjà toute sa complexité : « Il finira mal. En tout cas, rien de banal ne germera dans sa tête : ce sera le génie du bien ou du ma ». En 1871, lors de sa montée à Paris, il fait la connaissance de Paul Verlaine à qui il avait envoyé ses poèmes. Ce dernier, lui avait alors adressé l’invitation suivante : « Venez, chère grande âme, on vous appelle, on vous attend ». Aussitôt Rimbaud accourt, avec, pour tout bagage, quelques poèmes. Rimbaud fascine, enchante et soulève l’enthousiasme de la communauté des poètes parisiens. Puis à l’âge de vingt ans, Rimbaud dit « Adieu » à la poésie. Il multiplie les voyages, les errances, et part chercher une improbable fortune en Abyssinie. Lorsqu’il meurt, à l’âge de trente-sept ans, il semble avoir oublié qu’il est l’un des plus grands poètes français de tous les temps.
Avec ses lettres, nous suivons de mois en mois parfois de jour en jour l’évolution, avec ses pauses et ses accélérations, de l’aventure humaine de Rimbaud.

« Rimbaud, le cœur supplicié » de Gérald Stehr est édité dans la collection Scènes Intempestives à Grignan chez TriArtis, 2009

D’après « Arthur Rimbaud, correspondance », édition établie et annotée par Jean-Jacques Lefrère, Fayard, 2007. Cette correspondance a reçu le Prix Sévigné 2008

 

Un commentaire sur “Belle-Marquise (9/9)

  • marcelle Pâques 4 juillet 2009 at 14 h 09 min

    Oui, nous sommes les orphelins de Venise, nous idéalisons, et la ville et ses chimères…
    nous rêvons d’un amour absolu, romantique et rien n’est à la hauteur de ce décor spendide

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