Le goût des lettres

« Ne me parlez plus des mes lettres, <ma fille>. J’en viens de recevoir une qui enlève, <tout aimable, toute brillante, >, toute pleine de pensées, toute pleine de tendresses: un style juste et court, qui chemine et qui plaît au souverain degré, je dis même sans vous aimer comme je fais. Je vous le dirais plus souvent, ma bonne, sans que je crains d’être fade en vous renvoyant les louanges que vous me donnez quelquefois avec profusion; mais je suis toujours charmée de vos lettres sans vous le dire. Mme de Coulanges l’est aussi toujours des endroits que je lui fais voir, et qu’il est impossible de lire toute seule. Il y a un petit air de Dimanche gras répandu sur votre dernière lettre, qui la rend d’un goût nonpareil. « 

Paris, mercredi 9 mars 1672

Extrait de Madame de Sévigné – Correspondance (I) (mars 1646-juillet 1675) – texte établi, présenté et annoté par Roger Duchêne, Gallimard, La Pléiade  (1972)