Haut vol

9782070128365.jpgEst-il meilleur lancer, pour cette semaine dévolue aux Incipit de romans, que de vous restituer les premières lignes d’un roman  de (très) haute volée:

 » Depuis trois semaines, la pluie n’avait pas cessé. C’était une pluie lourde, têtue, insolente, dont semblaient complices, au ciel, les gros nuages à ras de tuiles et, sur terre, canaux et rivières épanchés, comme si l’eau tombée des hauteurs et l’eau jaillie du sol avaient conflué à l’étage humain, menaçant d’engloutir toute vie sous l’inondation. A Metz, il pleuvait. A Rouen, à Strasbourg, il pleuvait. Observant que l’intempérie favorisait les villes à cathédrales, on se demandait si leurs flèches barbelées n’y étaient pas pour quelque chose: se pouvait-il que ces grands dards, s’enfonçant dans la brume, l’eussent accrochée telles les mailles d’un tricot? « 

 

Haut vol, Olivier Bleys, roman, Ed Gallimard, mai 2014, 214 pp