Gausser de gousse

« Cette histoire de vanille, des sous-bois aztèques au quartier de Bellevue via Gibraltar et les plaines andalouses, Edmond l’écoute religieusement, la bouche ouverte, depuis ses quatre ans, sept mois et plusieurs cyclones. Edmond demande chaque soir la même histoire, l’infaillible périple qui avec le temps s’étoffe; tous les soirs, il dresse dans sa tête une cartographie de l’orchidée voyageuse passée par Veracruz, la Guyane, Versailles, et même le lazaret de la ravine à Jacques. Ferréol se lance alors dans un monologue jalonné de mythes et d’extravagances sur une plante fantastique aux tiges longues de vingt mètres, aux feuilles épaisses. aux fleurs claires qui ne survivent qu’une journée. Mals cette histoire prend une nouvelle tournure à ses huit ans quand Edmond apprend que la vanille a donné des fruit en Belgique l’an dernier grâce à Charles Morren. Cette année, c’est un botaniste français, Joseph Neuman, qui réussi à féconder la vanille. Dans les deux cas la manœuvre est si compliquée, si obscure, que les découvreurs eux-mêmes peinent à la reproduire; elle n’a aucun succès, ne sera guère répétée. » Le fruit le plus rare. La vie d’Edmond Albius, Gaëlle Bélem, roman, Ed. Gallimard, août 2023, 252 pp

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